Après la claque provoquée par son premier album éponyme, Dan Reed Network était attendu avec impatience par ses fans (essentiellement en Amérique du Nord où son premier disque avait atteint la 95ème place des charts). Dès les premières notes de ce « Slam », force est de constater que le groupe a fait un effort énorme au niveau du son, celui-ci sonnant résolument plus puissant et plus moderne.
En effet, que ce soit au niveau des guitares de « Make It Easy » ou des intros de « Slam », « Tiger In A Dress », « Doin’ The Love Thing » le groupe démontre qu’il a survitaminé son mélange de Hard et de Funk tout en conservant son sens de la rythmique et de la mélodie. Les morceaux sont percutants et efficaces. « Tiger In A Dress » confirme la qualité du groupe. Le morceau est un feu d’artifice de basses, de claviers et de guitares qui vrombissent, feulent, percutent. Une fois de plus on oscille avec bonheur entre Hard FM et funk.
Le groove est toujours de la partie et les arrangements foisonnent. Souvent avec bonheur, mais parfois un peu au détriment de la trame des morceaux et des vocaux qui sont de fait un peu moins mis en valeur que dans leur premier album. Cela n’empêche pourtant pas Dan Reed de rugir et de faire apprécier son timbre rauque et rocailleux. Ainsi « Stronger Than Steel » aurait certainement gagné en pureté en étant allégé de certaines parties de claviers et de petit « gimmicks » sonores. « Cruise Together » et « Under My Skin » sont très proches de l’esprit du premier album, et présentent Dan Reed Network sous son meilleur aspect. Le groupe trouve là le juste milieu entre un Hard FM de grande classe transcendé par la guitare de Brion James et par le chant de Dan Reed et une rythmique funk mise en valeur par la co-production de Nile Rodgers (Chic, Madonna, Diana Ross et … Sheila…). La voix de Dan Reed et la guitare de Brion James permettent également au assez convenu « Lover » de tirer son épingle du jeu.
On sent que le groupe est tiraillé et cherche le juste équilibre entre le Rock fusion de ses débuts et des compositions bien plus formatées pour le grand public, à l’image du très radiophonique « I’m Lonely Please Stay ». De ce fait, certains morceaux, bien qu’interprétés avec maestro et classe, sont un peu stériles et manquent d’âme à l’image de « Come Back Baby » ou de « All My Lovin’ ». Cependant, même dans ces cas, des petites trouvailles instrumentales ou des passages originaux viennent créer un intérêt. L’album se termine avec le furieux « Seven Sisters Road » qui voit le groupe proposer un étalage de son savoir-faire. Une fois de plus, les vocaux, la basse et les guitares sont de la fête et transcendent le morceau jusqu’à un final orgiaque qui voit le groupe se déchainer et dynamiter le tempo.
Si « Slam » est indéniablement une réussite et présente un équilibre quasi parfait entre le groove du funk, l’efficacité du Hard et le caractère mélodique du Rock FM, l’album aurait gagné à être un peu moins gras et à se voir allégé d'un ou deux titres et de certains arrangements un peu lourdauds. Nonobstant ce petit défaut, il faut bien admettre que ce second album est une tuerie qui avait tout pour réussir sur le marché américain. Or, et malgré une aide importante de Mercury et des tournées en premières parties de Bon Jovi et des Rolling Stones, ce recueil de tubes ne reçut pas, lors de sa sortie, l’accueil escompté. Il ne vous reste plus qu’à rattraper le temps perdu.