Avec ce troisième album, le Dan Reed Network progresse encore dans sa recherche du bon son. Oublié le côté « années 80 » de leur premier album, dépassés les arrangements un peu grassouillets de « Slam », la production de Bruce Fairbairn (déjà présent sur le premier disque de DRN) réussit à merveille à mettre en valeur le bouillonnement instrumental et le groove du groupe de Portland, tandis que la voix de Dan Reed est bien plus en avant, du fait de l’absence de claviers et de chœurs un peu trop envahissants dans « Slam ».
L’entame du disque avec les très énergiques « Baby Now I » et « Blame It On The Moon » montre un groupe affuté et au mordant intact qui produit un Hard funk hyper entrainant et jouissif. Avec « Mix It Up », le Dan Reed Network démontre une fois de plus que les barrières n’ont pas leur place dans l’univers musical du groupe. Ce morceau assez déconcertant alterne les passages mélodiques avec des parties bien plus expérimentales, notamment au niveau du chant. Avec « The Heat » nous sommes de retour dans l’efficacité la plus éclatante, à l’image de ce que Bon Jovi pouvait faire à l’époque de « Slippery When Wet » et « New Jersey ».
Alors que tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce disque le sacre de ce groupe exceptionnel : musiciens talentueux, production de qualité, personnalité artistique forte, sens du groove et de la mélodie, on doit malheureusement regretter que certaines compositions ne soient pas à la hauteur de nos attentes telles le convenu « Let It Go », le countrysant « Chill Out » ou bien le dispensable « Wake Up ».
Bien heureusement, le groupe propose une majorité de perles incontournables. « Life Is Sex » à la batterie atomique et au refrain dévastateur, « The Salt Of Joy » à l’ambiance épurée et pleine de charme, le classique « Take My Hand » ou bien « Thy Will Be Done » qui voit le groupe briller d’efficacité et de maturité et proposer un melting pot dans lequel on peut reconnaître des influences aussi diverses que du Rock, du Rap, de la Pop, du Funk ou bien du Hard Rock. La diversité est d’ailleurs un des axes forts de ce disque qui, s’il est moins « funkisant » que « Slam », est bien plus varié que ce dernier. Ainsi, « The Heat » propose même une reprise de Pink Floyd avec une version aussi surprenante que réussie de « Money » aux forts relents Funk (production de Nile Rodgers oblige).
Un disque aux sonorités nettement moins funky que son prédécesseur, et qui souffre de la présence de deux à trois titres dispensables, mais qui recèle des pépites, « The Heat », « Blame It On The Moon » ou bien « Thy Will Be Done », le rendant incontournable. Une fois de plus, il manque peut-être à ce disque ce minuscule petit plus qui a fait que Dan Reed Network n’a jamais réellement réussi à briller et à recevoir la consécration que son talent méritait. Et pourtant après 3 albums aussi majestueux, ce manque de succès totalement incompréhensible provoquera la séparation du groupe qui ne sortira pas de successeur à cet excellent « The Heat ».