Fine gâchette, chanteur et fondateur de The Almighty, Ricky Warwick a embrassé une carrière solo depuis 2002. Avec déjà deux albums à son actif ayant reçus des critiques plutôt positives, le fringant Irlandais envoie une nouvelle invitation depuis « Love Many, True Few » sorti en 2005, avec « Belfast Confetti », troisième album du nom.
Si les deux premiers opus avaient réussi à séduire les amateurs de musique acoustique, ce nouvel album ne devrait en aucun cas les décevoir. En effet, Ricky Warwick nous plonge avec sa conviction habituelle dans cet univers où la guitare sèche se métamorphose en véritable fil conducteur. Chaque composition de « Belfast Confetti » repose sur cet instrument tout en nuance et manié de main de maître par Ricky Warwick. L’inspiration toujours à fleur de tatouages, l’ex « Tout Puissant » se transforme une fois encore en cow-boy solitaire armé de son instrument de prédilection. Dommage pour ceux qui croyaient à un éventuel retour vers le métal rugueux et flamboyant de The Almighty…
Mais ce n’est pas pour autant qu’il faille bouder ou encore pire ignorer ce nouveau projet en solo, car il contient onze titres qui révèlent tout le talent de compositeur émanant de Ricky Warwick. Le musicien se fait l’apôtre d’un rock acoustique solide gonflé de soul et de feeling. Le touché sur les cordes de sa guitare, tour à tour explosif ou léger, laisse transparaître la profondeur et l’honnêteté du personnage. Sa voix suffisamment éraillée fait merveille dans ce registre varié où les influences d’incontournables mentors de la scène rock américaine, comme Bruce Springsteen, Bob Dylan et même Steve Earle resplendissent sur « Belfast Confetti ».
Ricky Warwick ne se contente pas seulement d’honorer la flamme celtique qui brûle en lui. Même s’il propose un florilège de titres issus de cette culture, à travers par exemple un « The Arms Of Belfast Town » entraînant à souhait ou encore le morceau éponyme qui dépeint sombrement Belfast, notre homme se la joue nettement plus « groovy » grâce à la teneur rythmé de « I Can’t Wait Tomorrow » et le souffle bluesy en diable de « Throwin’Dirt ». Le gaillard se frotte même à un beat très sixties sur l’unique plage électrique qu’est « Thousands Are Living ».
Cette première partie d’album ne peut que réconforter l’auditeur sur la voie acoustique / rock qu’a choisie Ricky Warwick pour faire passer son discours. Mais la seconde partie se révèle nettement plus intimiste, au regard des titres « Angel Of Guile », parsemé de notes de piano et de violons, « Punchin’ Thunder » criant de vérité et aussi « If You Gonna Bleed », qui clôt magistralement ce somptueux « Belfast Confetti ».
Ce nouvel album, dont la production évidemment très naturelle met particulièrement en valeur l’approche et le feeling que dégage Ricky Warwick lorsqu’il fait corps avec son instrument, s’inscrit comme une œuvre sobre et sans artifice. Une nouvelle fois, ce guitariste intuitif et engagé démontre de fort belle manière qu’il est tout à fait possible de créer des ambiances subtiles mais néanmoins rock’n’roll sans tomber dans des aléas ennuyeux et répétitifs. « Belfast Confetti » se place donc sous le signe de la réussite et témoigne que l’héritage des pionniers n’est pas encore près de sombrer dans l’oubli.