Avec Winterborn, on ne risque pas de tomber des nues ni de se pâmer devant les trésors d’originalité que le groupe déploierait pour dérouter ses auditeurs. En effet, ce sextet finlandais a résolument plus fait le pari de l’efficacité que celui du non-conformisme. On oscille là sur les terres déjà piétinées (ravagées même si l’on songe à Rage) par Oomph, Rage ou Manigance.
Le groupe est très à l’aise dans un style qui navigue entre Heavy Metal et Power Metal. Les mélodies sont rehaussées par des claviers assez discrets, et les riffs sont efficaces, ce qui donne à l’ensemble un coté très accessible rendant la musique de Winterborn immédiate et facilement assimilable. Cependant ce coté rapidement abordable de « Farewell To Saints » n’est pas sans présenter un inconvénient majeur ; pour arriver à ce résultat, le groupe a délibérément fait le choix de la simplicité et cela est assez vite frustrant.
Ainsi, à l’exception de « Overture 1939 » et de l’épique « Another World », la structure des morceaux ne diffère presque jamais, et l’orchestration qui peine à mettre en valeurs les différents instruments renforcent ce sentiment d’uniformité et de manque de créativité. Les soli sont noyés dans la masse instrumentale et de ce fait n’apportent pas l’oxygénation nécessaire à la fluidité des chansons. Et il en va de même du chant de Teemu Koskela. Si ce dernier possède un timbre de voix et une puissance tout à fait honorable, il peine à varier son interprétation et produit un chant assez limité en émotion.
Mais, ne vous méprenez pas, « Farewell To Saints » n’est pas pour autant un album moyen de plus. Des titres tels « Black Rain », « Seven Deadly Sins », « Another World » ou l’agressif « The Winter War » remplissent allègrement leur office et sont tout à fait à même de réjouir les fans de Power Métal symphonique. Il est simplement dommage que le groupe n’ait pas, d’une part bénéficié d’un mixage moins axé sur la recherche d’un son compact, et d’autre part apporté à l’ensemble de ses morceaux le même soin qu’il a su apporter à la plupart des finals de ses titres, ces derniers constituant clairement un des points forts de « Farewell To Saints ».
Il n’en reste pas moins que l’on sent qu’il faudrait très peu de choses à Winterborn pour changer de statut et devenir un acteur de premier ordre dans une scène pourtant déjà bien encombrée. Mais ce « peu de chose » est en fait l’énorme fossé qui distingue les bons groupes des groupes d’exception. Et il n’est pas certain que Winterborn puisse jamais être classé parmi ces derniers, surtout dans un genre musical qui s’essouffle depuis quelques temps.