Voici une équipe de joyeuses drilles venant tout droit du grand froid canadien mais qui, à l'écoute de ce "Bombardero", a su garder le sang chaud. Sur le papier, le motif réunissant ces canadiens semble tenir de la bonne grosse partie de rigolade et de l'autodérision ; un look de cowboys avec Stetson, Santiag et veste à frange, un nom de scène pour le moins dérisoire, sans parler des danseuses dont les attributs généreux sont particulièrement mis en avant lors de leurs shows. Sur le papier disais-je car leur musique n'a rien d'une vague supercherie ou même d'une mauvaise plaisanterie.
Plus que ça, il s'agirait presque d'un hommage personnel rendu à certains grands noms du rock seventies dans ce mélange fiévreux des riffs heavy à la Black Sabbath et du psychédélisme de Lynyrd Skynyrd. L'éponyme "Bombardero I" débutant l'album et repris plus tard deux nouvelles fois illustre parfaitement le rythme effréné et le ton pris tout au long de ces onze titres. La voix de Clemsen elle-même s'approprie parfois et à sa manière le timbre particulier du père Osbourne.
Et lorsque l'accalmie fait place à l'orage électrique ("Bombardero II"), les orgues Diamond et les guitares floydiennes étalent tout leur psychédélisme avant d'être finalement rattrapés par ce fameux riff endiablé déjà entendu en début d'album et un final empreint de l'exaltation d'un "I'm Going Home" de Ten Years After. Du rock mais aussi une pointe de blues et de groove, les "Clarines blanches" savent utiliser tous ces ingrédients (comme sur "Happy Ending") de façon à ajouter du goût à un plat déjà savoureux.
La production de son côté avec un côté suranné, volontairement ou pas, ne met pas à leur avantage le pourtant très bon jeu des canadiens. Chaque instrument ressort clairement, que ce soit le ronronnement chaleureux de la basse, l'excellent jeu du batteur (presque démonstrative sur "Frankenstein") ou les guitares prédominantes mais globalement les titres sonnent, un peu à l'image de cette belle pochette, comme si ils avaient effectivement été composé il y a une quarantaine d'années. Et ça n'est pas les quelques effets electro présents sur deux titres qui viendront changer la donne.
"Bombardero" est donc un album qui fait du bien par où il passe. Il ne cherche pas à ré-inventer mais à perpétuer les rythmes tantôt lourds, tantôt débridés de leurs grands modèles des années soixante-dix. Il faut avouer d'ailleurs que le résultat est très convaincant. Et tout ça sans se prendre au sérieux. Chapeau messieurs.