On ne pourra nier qu’une grande majorité de groupes de rock progressif actuels reste dans une certaine nostalgie des années 70. Aquaplanage n’échappe pas à cette routine musicale qui peut s’avérer périlleuse si l’originalité ne pointe pas aux oreilles.
Il est important de souligner que la plupart des musiciens ont participé avant cet opus à un projet de « tribute to » Yes qui ciblait tout particulièrement l’album Fragile. Ils ont par ailleurs joué avec Steve Howe sur plusieurs de leurs dates.
Pour leur premier album, Aquaplanage a décidé de s’autoproduire et de s’adjoindre les services d’un petit trio à cordes pour affiner leur musique. Pour quel résultat ?
Cet album éponyme commence par une pièce de plus de 15 minutes qui n’est ni plus ni moins qu’une véritable œuvre épique. «Ode to Grey Mornings » est la rencontre improbable entre jethro Tull pour la flute, Yes pour la musique et Gentle Giant pour les harmonies vocales. C’est à un vrai chef d’œuvre de rock progressif que nous avons affaire tant la musique est porteuse, les harmonies vocales sont admirablement posées et les changements de rythmes sont réussis. Les différents mouvements sont d’une grande richesse et font de ce morceau une véritable ode à la vie où divers sentiments s’entrecroisent, portés par des guitares heavy violentes, une flûte apaisante et des nappes d’orgue planantes. Le jeu guitare n’est pas sans rappeler celui de Steve Howe et il est juste dommage que le refrain final ait placé le chanteur un peu trop en avant.
Le majestueux « The Sands of Time », puise quant à lui toute sa richesse dans une musicalité orientale, avec l’utilisation judicieuse d’instruments à cordes. Aquaplanage n’est pas avare d’influences puisque l’instrumental« Solara » évoque Rick Wakeman sur ses bonnes productions solo et « Nature’s Sunday » pourrait rappeler un Led Zeppelin en petite forme.
Mais on se rend compte de toute la fécondité productrice de cette formation avec les deux somptueux instrumentaux que sont « Aquaplanage » et « Theme ». « Aquaplanage » est d’une douceur féerique avec l’utilisation d’une guitare classique et d’instruments à cordes alors que « Theme » est une gymnopédie en canon d’«aquaplanage » dont la légèreté du solo de guitare s’avère être un véritable nectar pour les oreilles.
Malheureusement certaines pièces viennent quelque peu entacher la bonne tenue de cet opus comme le ‘copier-coller’ de Yes qu’est « Heaven’s gate », ainsi qu’un « A song To Stand Above Them all », que l'on aurait tendance à zapper. L’ennui pointe, et le chant y est beaucoup trop proche de Jon Anderson. Heureusement, le final « one star », au refrain répétitif, viendra conclure cet album de manière joviale.
Ce premier album d’Aquaplanage est tout simplement bon. Si quelques faiblesses sont à noter, dues principalement à une trop grande ressemblance à Yes en milieu d’album, l’ensemble mérite cependant toute notre attention. Nous leur pardonnerons donc cette légère inclination puisque le plaisir est au rendez-vous…