Projet d’un seul homme, Nicolas Piveteau, jeune multi-instrumentiste de son état, ce Progression by Failure, album au titre explicite, est avant tout un hommage rendu par l’artiste aux groupes qui l’ont marqué musicalement. Ainsi, tout au long de ces 7 pistes instrumentales (dont la dernière, éponyme, excède les 20 minutes), on est transporté sans ménagement d’un rock prog assez formel façon Neal Morse à des évolutions sombres et techniques rappelant Meshuggah, dans une cacophonie à la fois atmosphérique et pesante, superbe et vertigineuse.
Là où le bât blesse, c’est au niveau de la production. Monolithique, plate, elle ne permet hélas pas au compositeur de mettre suffisament en avant les différents éléments de sa musique ; un défaut regrettable, surtout pour des instrumentaux si travaillés.
Car d’un point de vue purement technique, le talent est là, sans aucun doute. Inspiré, mais pas seulement, Piveteau laisse filtrer au fil des morceaux une personnalité déjà bien affirmée, et montre qu’il ne se borne pas à écrire « à la manière de ». Mélodiques et sauvages, planantes et oppressantes, les diverses parties de l’album lui confèrent une ambiance finalement assez singulière, un petit exploit dans un milieu saturé de plagiats et de reprises faciles.
Hélas, trop hâtif dans sa démarche, l'artiste se laisse déborder par son enthousiasme, et finit par céder aux sirènes de la rallonge. Breaks pas toujours à propos, riffs répétés sans modération, la coupe finit par être pleine. Le talent est là, sans aucun doute, la mesure pas encore, et c'est à contre-cœur que l'on se retient parfois de passer au morceau suivant. Toutefois, il ne s'agit pas pour autant d'un défaut totalement rédhibitoire, et l'auditeur patient sera récompensé par des parties vraiment superbes, qui feront oublier sans peine quelques erreurs "de jeunesse".
On souhaite malgré tout évidemment à cet ambitieux projet d’évoluer dans le bon sens, avec, peut-être, l’écriture d’un deuxième opus plus peaufiné (notamment sur le plan sonore) et susceptible de confirmer tout le bien que l’on pense de celui-ci...