Après un premier album de la qualité de "August In The Urals", les Américains de Deluge Grander étaient attendus au tournant. Le second opus allait-il rivaliser avec son auguste prédécesseur ? Presque entièrement instrumental, "The Form Of The Good" est simplement différent, plus sombre, mais non moins abouti.
Le quartet de Baltimore nous offre avec "The Form Of The Good" un prog symphonique classique teinté seventies s’apparentant presque à la scène Canterbury de par son côté jam jazzy et avant-gardiste. Pour donner plus de profondeur aux compositions, Deluge Grander a fait appel à plusieurs musiciens, pour la plupart de registre classique (Clarinette, violoncelle, flute, saxophone, trompette et hautbois). Loin de se contenter d’un simple rôle d’accompagnement, ces instruments apportent une dimension nouvelle aux morceaux, tout en s’intégrant à la perfection dans un ensemble déjà cohérent, donnant ainsi un résultat homogène et diablement efficace. Les compositions sont riches et au service d’une atmosphère générale s’intensifiant au fur et à mesure de l’écoute.
L’album s’ouvre sur une brève pièce introductive finement orchestrée. Ce titre, qui est aussi le plus court composé par Dan Britton, révèle instantanément un aspect profond et fastueux. Au fil des morceaux, le rythme ralentit au profit d’un prog symphonique plus sombre tirant sur le classique ou le jam jazz fusion. En distillant des influences allant de Genesis à Frank Zappa pour en tirer le caractère solennel et obscur, Deluge Grander nous offre des mélodies à la fois subtiles et puissantes. L’état de tension grandissant atteint son point culminant avec la pièce maîtresse qu’est "Aggrandizement", un épique grandiloquent et menaçant avoisinant les 20 minutes avec une orchestration classique dans la pure veine symphonique.
Non content de se charger de la composition, l’enregistrement et la distribution de "The Form Of The Good", les Américains de Deluge Grander se chargent aussi de sa production. Cette dernière, certes remarquable pour une autoproduction, présente l’avantage d’offrir un son chaud mais cru et brut, ce qui met en valeur les arrangements complexes et renforce la notion de profondeur des compositions.
Cependant, au même titre que son prédécesseur, "The Form Of The Good" reste un album très hermétique qui nécessite une grande attention et plusieurs écoutes pour passer outre le caractère opaque des compositions. Après quoi, l'opus devient véritablement captivant et séduisant de par sa créativité, sa progression, son originalité et sa cohérence.