Star Academy, Popstar, Nouvelle Star pour la France, American Idol pour les States, Pop Idol et British Got Talent pour l’Outre Manche, Supergirl pour la Chine et X-Factor pour le Danemark (entre autres), voilà des noms d’émissions qui vous font vous étrangler avec votre bière cher lecteur n’est ce pas ? Point n’était mon intention de déranger votre digestion de mousseuse en assénant cette succession de magnificences télévisuelles, mais croyez-moi si vous voulez, parfois, dans le fumier de la télé-crochet, quelques roses déploient leur corolle et, exceptionnellement, on y trouve avec stupeur quelques bourgeons métalliques. Chris Daughtry d’American Idol en est un, Oliver Weers d’X-Factor en est un autre.
Ce grand Danois, dans son imper en cuir, arpentait les chemins de l’anonymat depuis 1983 lorsqu’il se décida à participer à ‘‘l’imparticipable’’ pour un vocaliste dont les cordes vocales vibrent à la manière d’un Jorn Lande ou d’un David Coverdale, et dont les goûts vont de paire. Ejecté juste avant la finale par un jury shooté à la verveine transgénique, il marqua tout de même quelques esprits attentifs, et pu ainsi se lancer dans le grand bain en sortant un album sous son nom en 2008. Il le nomma « Get Ready ». Du Hard-Rock à la sauce marketing ? Je sens que la méfiance s’installe dans les rangs… Avant de claquer la porte au nez du Sieur Weers, patientez deux minutes si vous le voulez bien, le temps que je vous confie deux ou trois détails qui pourraient vous éviter de laisser vos préjugés l’emporter sur votre curiosité.
En effet, tout d’abord, sachez que Weers n’a pas lésiné à la dépense pour réussir dans son entreprise de séduction. Il avait certes le look le coco... Il avait également la corde vocale gaillarde, mais il lui fallait des compagnons de fortune de qualité pour le soutenir dans son entreprise, et si possible des gaillards ayant une certaine notoriété histoire d’attirer le rocker moyen. Alors, le mercato frappa et déboulèrent pour martyriser les fûts et les quatre cordes Tommy Aldridge et Marco Mendoza ex-membres de Thin Lizzy et du Serpent Blanc. Une voix à la Coverdale, deux anciens musiciens du grand blond, je suis en train de perdre les adorateurs de Pantera, mais je distingue a contrario quelques soulèvements de paupières sur certains visages jusqu’alors assoupis… Un chanteur, un bassiste, un batteur, manque à l’appel le gratteux ! Ce sera Soren Andersen, moins connu que les potes à David, il a néanmoins tenu compagnie à quelques pointures comme Glenn Hughes, Dave Mustaine et Billy Sheehan, ce qui semble pouvoir être un gage de sécurité. Le monsieur s’est également chargé de la production de l’opus et s’est associé à Weers pour les compos.
Quand vous saurez par ailleurs que Whitesnake (encore !) et Mötley Crüe ont demandé à l’animal d’assurer la première partie de leurs shows, vous devriez vous dire que ça commence à sentir le fumet de galette aux petits oignons. Alors tromperie ou confirmation ? Pour le savoir, rapprochons-nous du sujet sans plus attendre.
Première constatation à l’écoute de « Calling Out For You » et « Hands High », les deux premiers morceaux de l’album, la production est une réussite. Les guitares sont prépondérantes et l’impact mélodique semble être la voie recherchée. Rien de frénétiquement novateur, mais c’est calibré hard’n’heavy dans le style de - je vous le donne en dix mille - Whitesnake !
Par la suite, on peut constater que le groupe peut s’énerver, notamment sur le martelé (chapeau Aldridge !) « Even Giants Cry » qui se fait Pop sur le refrain. Il sait également parfaire l’accroche mélodique, comme sur « First Day Of Your Life », et peut faire dans le lourding (Aldridge a bossé avec Ozzy), particulièrement sur « Crawling Back Again ». Enfin, il connaît la chanson quand il s’agit de caser l’éternelle ballade du Hard Rocker transi (« Will You Be Mine Tonight »).
L’album est sorti en deux versions et la seule différence entre les deux porte sur la reprise en titre bonus, « Army Of Me » de Bjork, ou « The Show Must Go On » de Queen. Pour ma part j’ai choisi mon camp, et ce sera celui de la Reine où Weers est loin du ridicule même si personne ne sera Freddy à la place de Freddy.
Trois ou quatre titres, plus faibles, empêchent cet album d’être une franche réussite, tout comme un certain manque d’originalité des mélodies, qui, bien qu’étant bien senties ne crèvent pas le boomer. Toutefois, il est tout de même globalement recommandable pour les nostalgiques du Hard Mélodique US des années 80. Ce type a donc à priori, un avenir dans la chanson de qualité, évadé d’un télé-crochet. C’est assez rare pour mériter que l’on s’y intéresse. Si en prime, il gravite dans notre monde de chasseurs de décibels, il ne faut surtout pas bouder son plaisir. Si tu ne vas pas à la Star’Ac, la St’hard’Ac viendra à toi !