The Muggs est un groupe un peu particulier formé au début de ce millénaire. S'ils peuvent faire penser au premier abord à un groupe de hard rock classique comme il en fleurit beaucoup en ce moment, ils ont déjà pas mal vécu. Leur musique s'est entendue à la télévision américaine et ils ont été qualifiés pour participer à un grand jeu qui désigne le meilleur espoir américain en termes de rock...
Autant d'opportunités qui ne se seront jamais concrétisées car The Muggs ne rencontre pas le succès mérité. Plus atypique encore, leur bassiste est victime d'un grave accident qui l'empêche de pouvoir rejouer de son instrument. Loin de se décourager, celui-ci apprend alors à jouer sur Fender Rhodes grâce à un rythme intensif d'entraînements. Ils peuvent ainsi offrir en 2005 leur premier effort éponyme.
Toutes ces histoires sont des détails qui soulignent le mérite du groupe, mais elles n'auraient aucune valeur si la musique ne suivait pas. Et heureusement, elle suit. Et même plutôt bien. Riffs déchirés, voix écorchée, soli brûlants. La musique de The Muggs est corrosive et ne fait pas dans l'aseptisé. Les guitare tachent, dégoulinent de feeling et de blues avec un son envahissant et chaud. Le chanteur susurre, crie, groove et miaule tel un chat sauvage.
La basse jouée sur un clavier donne un son très particulier, ample et souple, qui forme un matelas idéal, presque lancinant sur des morceaux comme "Doc Mode", sur lequel le guitariste peut vagabonder en roue libre avec une influence blues qui ouvre la porte à de nombreux soli et à de nombreux gimmick certes un peu clichés, mais qui s'écoutent avec plaisir.
Pourtant, c'est ce coté 'roue libre' qui m'obligera à émettre une réserve sur ce premier album. En effet, si les qualités d'interprétation, le feeling authentique ainsi qu'une production irréprochable rendent l'album très attachant, il est regrettable de ne pas avoir de véritable 'tube' à se mettre sous la dent pour profiter de toute cette bonne musique. Les morceaux ont souvent une structure décousue qui les empêchent de marquer les esprits.
Toujours est-il que pour un premier opus, la musique est bonne, sent bien le blues et le hard, et laisse présager un bel avenir à ce groupe, pour peu qu'il parvienne à intégrer tous ces bons éléments dans des morceaux plus travaillés.