Le Metal est un milieu machiste, ce n’est pas faire offense aux femmes que de le reconnaître... Bien au contraire, c’est faire preuve d’honnêteté. Pour preuve, s’il nous prenait l’envie d’énumérer les charmantes créatures ayant dévoué de leur temps et leur énergie à notre genre de prédilection, nulle doute que la liste serait vite dressée. De Lacuna Coil à Within Temptation, de Nightwish à Epica, de The Gathering à Dreams Of Sanity, on peine rapidement à franchir le cap des vingt formations dont on se souvient du nom sans antisèche.
La question est donc de savoir ce qui nous vaut cette misogynie métallique : les femmes sont trop sensibles ? Les hommes sont trop rustres ? Sans doute les deux explications sont elles valables. Le fait est là, indiscutable, presque inéluctable : mis à part dans ses dimensions symphoniques ou atmosphérique, le Métal n’est pas féminin.
Pensez donc quelle fût notre émotion lorsque nous reçûmes cette offrande suédoise de Heavy Metal produite par non pas 3, 4, mais bien 5 nymphes ! Ajoutez à cela des tenues en cuirs et des haches ou autres lames en plastiques, et nous salivions, tous primates machos que nous sommes, de voir ces Xéna modernes entrer en scène !
Trêve de suspense : le Métal n’est pas féminin disais-je et Hysterica ne viendra pas changer la donne. Malgré tout, il serait injuste de ne pas reconnaître quelques qualités à cette formation pleine de bonne volonté et d’envie. En effet, si l’offrande n’est en rien ironique, il est à souligner en premier lieu que les 5 Suédoises font ici preuve d’un très bon sens de l’humour et d’une conviction inébranlable.
Loin d’être ridicules donc, elles se paient même le luxe d’attaquer guitares bien grasses à la main pour un « We Are The Undertakers » qui ne révolutionne rien mais s’avère extrêmement plaisant. Riffs lourds de chez Lourd, structure basique de chez Basique et mélodie accrocheuse de chez… Bref vous l’aurez compris : on part d’entrée de jeu avec un apriori très favorable. « Halloween » ne vient pas simplement confirmer cette bonne entame, mais s’impose tout bonnement comme le Hit incontournable de cette galette : direct, hymnique, condensé et nuancé par quelques soli bien menés.
Le problème, c’est qu’à vouloir jouer la carte « gros bras » pour se distinguer de leurs consœurs vocalistes, les amazones d’Hysterica tombent alors rapidement dans le cliché. Manquant d’aération, de souffle et d’un peu d’inspiration, les titres s’enchaînent en laissant une sensation d’étouffement frustrante. « Bless The Beast », « Girls Made Of Heavy Metal », « Louder », « Metal War » et leurs congénères n’entreront donc pas au Panthéon du genre, mais ne seront pas pour autant condamnées au purgatoire.
A noter que si Anni De Vil n’évolue définitivement pas dans un registre lyrique, sa voix criarde aura tendance à desservir des compositions déjà trop lourdes, ce qui s’avère fort dommage à l’écoute de ses jolis élans mélodiques sur « Heavy Metal Man », « Wreck Of Society ».
Bombez vos torses velus messieurs, le Heavy reste une affaire d’hommes virils et tatoués. En signant un album trop compact, Hysterica se laisse entraîner par une fougue mal maîtrisée, mais affiche de belles qualités que l’on espère voir développées à l’avenir. J’ai en tous cas pris beaucoup de plaisir à me faire traiter de « Pain In The Ass » et peux témoigner que ce Metal War n’est pas une guerre déclarée au métal, mais POUR le métal...e !