Après la sortie d'un Hundred Year Flood que je trouvais plus que fade et un Explorer's Club dont je me suis empressé d'oublier l'existence, j'avoue que lorsque la dernière oeuvre des frères Gardner est arrivée chez Music Waves, j'ai éprouvé un enthousiasme pour le moins modéré.
A la première écoute, mon enthousiasme a stagné au niveau le plus bas et je n'ai guère pu m'empêcher de penser qu'on avait droit à nouveau à ce qu'il est communément convenu d'appeler chez nous une "croûte".
Il faut dire que certains détails récurrents chez les Gardner n'aident pas. Comme toujours avec Magellan, et Explorer's Club, la production est insipide : le son de guitare est sale, celui des claviers est d'une banalité affligeante, la batterie fait un peu barils de lessive et poêles à frire, la basse est à peine audible et le chant est à mon avis médiocre.
Malgré cela, ma première écoute a été suivie d'une seconde, puis de plusieurs autres, et même si Impossible Figures ne fera certainement pas partie de mes références, il a de bonnes chances de faire régulièrement un tour sur ma platine.
En effet, la force des compositions et la qualité technique sont réellement présentes tout au long de l'album. Le batteur, en particulier, nous assène quelques morceaux de bravoure, comme ce début fulgurant de Late For Church, et est capable de soutenir à lui-seul un morceau par des rythmiques complexes particulièrement adaptées.
Mais ce qui frappe avant tout, c'est l'originalité tant attendue qu'on n'osait même plus espérer depuis tant d'années. La complexité caractéristique qui rend l'ensemble difficilement abordable est atténuée par des interventions très bien trouvées, tels le solo de clavier purement classique de la première moitié du bien-nommé Bach 16, le groove latino de A World Groove et le solo de basse très inspiré sur le morceau qui clôt l'opus.
Une fois de plus, nous avons ici un album extrêmement difficile d'accès pour des raisons pas toutes bienvenues mais qui mérite tout de même que l'on s'y attarde.