Il était mince, il était (pas très) beau, il sentait bon la bière chaude. Originaire de Melbourne, c’est en 1994 que Keith aka K.K. Warslut, alors guitariste au sein de Bestial Warlust, se lance dans un projet parallèle répondant au doux nom poétique de Deströyer 666. Avouant n’avoir alors jamais eu l’intention de fonder un groupe sérieux et à plein temps, KK s’entoura de quelques joyeux drilles pour jouer un son plus thrashisant que Bestial Warlust aux penchants plutôt black metal. Pourtant dés 1995, de Bestial Warlust il n’est plus question, et D666 gagne ses lettres de noblesses pour devenir un groupe à part entière. A l’origine basés en Australie, les membres du groupe sont actuellement éparpillés en Europe. K.K. cueille à présent des tulipes dans le sud des Pays Bas, Shrapnel et Matt descendent des Guiness à Londres, et Mersus se choucroute la touffe en Allemagne.
Malgré quinze années d’existence, « Defiance » n’est que le quatrième album à l’actif du groupe. Sept longues années à attendre le successeur de « Cold Steel... for an Iron Age » c’est long, mais l’attente est largement récompensée dès les premières écoutes de ce nouvel assaut. Toujours aussi friand de sonorités guerrières, c’est une fois de plus une belle pièce de Thrash/Death velu et épique rappelant parfois les bon vieux Bolt Thrower que D666 sort de son artillerie. Les duels de guitares sont une fois de plus de la partie, KK et Shrapnel se renvoyant la balle lors de multiples joutes épileptiques. Les morceaux mid tempo aux refrains qui font mouche et qui vont faire hurler les fosses sur scène comme « Blood For Blood », succèdent à de purs moments de sauvagerie pied au plancher tels que « The Barricades Are Breaking ». « A Sermon To The Dead » fermera l’album sur une note monotone et nostalgique comme le laisse entendre son titre, mais plutôt monocorde toutefois, un seul riff répété pendant cinq minutes, quelques voix claires en fond et l’affaire est dans le sac.
Un bien bon album dans l’ensemble, même si, à l’image de la couverture qui répond respectueusement aux codes bien établis par le groupe depuis ses débuts (à savoir leur éternel emblème du loup, cette fois surplombant un champ de bataille, très original pour un groupe penchant du côté War Metal… ), D666 ne se transcende pas.
Mais ce serait faire la fine bouche que de ne pas se laisser aller aux charmes virils mais corrects de ce « Defiance » à l’énergie communicative. Voilà qui accompagnera à merveille vos tardives ballades estivales en paréo de cuir clouté, traînant nonchalamment votre carcasse osseuse sur la plage entre un « Love Is » et un « Who Gives A Fuck » du dernier hit album de Demis Roussos, tout en rêvant à une rentrée de guerre civile et à une crucifixion de masse de hippies multicolores poilus et ventripotents.