« No Fuel Left For The Pilgrims » !!! Et pourquoi pas « Plus de kérosène pour le vol 666 » tant que nous y sommes ? Avec ce titre, les Danois de D-A-D méritent haut la main la palme d’or de l’album au titre le plus humoristique de l’histoire du Hard Rock (à part peut être « Kings Of Metal » de Manowar). Au-delà de cela, le troisième album des danois de D-A-D est le premier qui bénéficie d’une exposition et d’un retentissement international. Il faut dire que le groupe a fait très fort.
Terminés les sympathiques tentatives Punk-Rock et Country, à la Green On Red ou The Vandals, que l’on pouvait trouver sur leurs deux premiers méfaits, « Call Of The Wild » et « Draws A Circle ». D-A-D nous propose là une version catchy et américanisée d’un Hard-Rock à la AC/DC.
En effet, si l’empreinte de la bande des frères Young est incontestable sur ce disque, les Danois ont su apporter une dose de fraîcheur, d’humour et un sens de la mélodie qui leur permettent de s’affranchir des recettes de leurs aînés. De fait, la musique de D-A-D est basée sur la simplicité, l’énergie et l’humour. Vous secouez tout cela et vous obtenez « Sleeping My Day Away », le premier titre (et tube) de l’album. Un hymne à la simplicité et à l’efficacité indiscutables. Le riff de guitare est des plus basiques et est répété à l’envie, les chœurs sont simplistes, les paroles sont stupides et tournent en bouclent… Rien ne semble vouloir faire de ce titre un tube, si ce n’est peut être la voix rugueuse et charmeuse de Jesper Binzer, et pourtant le résultat est détonnant. Impossible de ne pas taper du pied ou de beugler le refrain.
La suite est du même acabit avec les excellents « Point Of View » et « Girl Nation » qui raconte les « déboires » d’un homme plongé dans un univers dominé par les femmes. Avec ces titres, D-A-D confirme qu’il n’est définitivement pas le groupe d’un titre mais qu’il dispose bien d’un sacré talent de compositeur. Dans un style plus Punk Rock, aux fortes influences des Ramones, nous trouvons également de très bons morceaux à l’image de « Siamese Twin », « ZCMI », « True Believer » et de « Ill Will » qui voit tous les voyants se mettre au rouge.
« Overmuch » nous plonge dans l’univers d’AC/DC, groupe avec lequel D-A-D partage la particularité d’être fondé par deux frères, Jesper et Jacob Binzer. Comme toujours les paroles sont sans prétentions et l’anglais très familier, mais la réputation que traîne le groupe au niveau de la qualité de ses paroles est, de manière générale, loin d’être justifiée. Certes, bons nombres de titres volent au-dessous de la ceinture, à l’image de « Siamese Twin », qui raconte les phantasmes érotiques du chanteur avec des sœurs siamoises, et qui regorge de paroles à la poésie très surprenante : « She is a six hole golfcourse uh uhuh I need her…” Mais la plupart des paroles des titres, comme « Jihad » ou « Point Of View », sont tout à fait correctes et apportent même leur contribution aux morceaux en accroissant le coté joyeux et humoristique de ceux-ci.
Tous les titres sont immédiatement accrocheurs et très rythmés. L’album ne donne pas dans la ballade mais bien dans un Hard Rock aux relents Punk très efficace. Comme de surcroît, le groupe bénéficie d’un excellent son, rien d’étonnant à ce que ce disque fit l’effet d’une grosse baffe à ses auditeurs lors de sa sortie. L’attrait de cet album est bien à chercher dans la structure des morceaux plus que dans la qualité des musiciens. En effet, et à l’exception notoire de la superbe voix de Jesper Binzer (entendez par-là : éraillée, gouailleuse, puissante et particulière), il ne faut pas chercher de virtuoses au sein de D-A-D. Les guitaristes ne jouent pas vite et esquivent les soli compliqués. Le batteur frappe juste mais sans dextérité particulière. Le pompon revient cependant à Stig Pedersen, recruté par le groupe alors qu’il travaillait dans un Sex Shop et ne savait pas jouer de la basse, et qui pallie son manque de maîtrise de son instrument en jouant sur une basse à deux cordes et en faisant le singe le plus souvent possible. De fait, si ses lignes de basses sont omniprésentes sur l’album, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles ne brillent pas par leur diversité. Pour autant elles dynamisent (dynamitent ?) les morceaux par leur puissance.
20 ans plus tard, le sens de la composition, la simplicité de l’interprétation et la qualité de la production font de « No Fuel Left For The Pilgrims » un disque toujours d’actualité qui réjouira tous les amateurs de Hard Rock.