Après l’énorme retentissement provoqué par le groupe avec « No Fuel Left For The Pilgrims », les danois de D-A-D se devaient de prouver qu’ils n’étaient pas le groupe d’un album (voir d’une chanson), et que leur succès devait plus à leur talent de compositeur qu’au soutien de leur maison de disque et au matraquage de leurs clips sur MTV. Avec « Riskin It All », leur quatrième album, le constat est mi figue mi raisin.
En effet, si le résultat musical est largement la hauteur de leur précédent opus, l’absence de soutien de leur maison de disque et la distribution calamiteuse dont pâti ce disque, coupa l’herbe sous le pied de ces Attila du hard Rock binaire. Et c’est bien dommage car la matière était bien présente.
D-A-D a su, sans révolutionner ses recettes, proposer des titres accrocheurs et immédiats à l’instar du furieux « Bad Craziness » ou du groovant « Makin' Fun Of Money » qui représentent bien le style du groupe. Ce, sans tomber dans la routine ou dans le déjà-vu.
Si l’on ne peut décemment pas parler de mutation au sujet de la musique de D-A-D, force est de reconnaître que le groupe sait à merveille susciter l’intérêt de l’auditeur en distillant des mélodies aux petits ognons, des riffs imparables et des petites innovations rafraichissantes. Ainsi « Down that Dusty Third World Road » incorpore-t-il des sonorités jazz, alors que « D-Law » propose des passages plus exotiques et des ambiances Street Rock et que le groupe se lance dans des morceaux au tempo bien plus lent à l’instar du mélodieux « Day Of Wrong Moves » et de la très belle ballade « Laugh N’ A Half ». Des relents bluesy s’évaporent du mélancolique et entêtant « I Won't Cut My Hair », que l’on trouvait déjà sur le second album dans une version plus calme.
Toutes ces différentes saveurs font de ce « Riskin’ It All » un plat savoureux, variés et bougrement épicé. Très loin des traditionnels plats danois à base de viandes bien lourdes, D-A-D se montre affuté comme jamais et nous sert une multitude d’amuse-gueules plus pétillants et rassasiants les uns que les autres.
Difficile de prendre parti entre ce « Riskin’ It All », plus varié et mature et « No Fuel Left For The Pilgrims », plus inattendu et fougueux. Mais une chose est certaine, les danois ont accouché avec ces deux disques de deux pièces majeures du Hard Rock.