Longtemps ignoré par les médias, Psychotic Waltz a connu ces dernières années un regain de popularité, dû, d'une part, aux rééditions du label Metal Blade sorties en 2004, qui permirent aux amateurs (désormais nombreux) de metal progressif de découvrir ce groupe méconnu, et d'autre part au succès de DeadSoul Tribe, le groupe de Devon Graves.
Quel rapport ? Eh bien, c'est simple : dans les années 90, Devon se faisait appeler Buddy Lackey et était le cerveau d'un groupe underground de la scène californienne nommé Aslan, qui pour une question de droits, changea son nom en Psychotic Waltz pour pouvoir sortir sa première démo en 1988. Et c'est là que l'Histoire commence ; pas seulement celle d'un grand groupe aux qualités injustement mésestimées, mais aussi celle d'un genre. Car si l'on attribue généralement "l'invention" du métal progressif à Queensrÿche, Watchtower, Fates Warning ou encore, évidemment, Dream Theater, il est en revanche extrêmement rare de voir Psychotic Waltz cité à l'ordre du mérite comme les autres... Un outrage que j'espère contribuer à réparer par le biais de cette chronique.
A Social Grace, premier album studio du groupe, sort en 1990. A l'époque, le mouvement thrash s’essouffle, et la mainmise des médias et des majors sur le monde de la musique s'est considérablement raffermie. Après des mois de recherche, nos cinq larrons parviennent enfin à signer chez des indépendants (Sub Sonic Records, aujourd'hui disparus), et accouchent dans la douleur de ce premier opus ; et pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! Distribué en Europe par Rising Sun Productions, l'album est encensé par les critiques spécialisés, notamment Rock Hard et Metal Hammer, qui louent les qualités de "l'album du mois". De l'Allemagne à la Grèce, tout le monde s'arrache cette nouvelle coqueluche du metal dont le son est novateur et surtout incomparable. En revanche, le scénario ne se reproduit pas sur le sol américain, et l'absence de promotion et même de distribution relègue rapidement Psychotic Waltz au rang de groupe culte mais underground, à l'état de phénomène aussi intense qu’éphémère. Effet de mode ? Non.
Car tout au long de ses 13 pistes, A Social Grace explose les barrières de l'époque, avec une énergie et un style tout simplement uniques, qu'aucun groupe n'arrivera jamais ne serait-ce qu'à imiter. Entre Thrash et rock progressif, Psychotic Waltz pave la voie d'un genre alors en plein essor : des mélodies poignantes de "I Remember" (hommage de Buddy à son idole Ian Anderson) ou "Another Prophet Song" aux sombres rythmes de "I Of The Storm" ou "Spiral Tower", en passant par la technique démonstrative de "...And The Devil Cried", opener cinglant et démesuré, tout y est ! Difficilement descriptible, la musique de Psychotic Waltz semble pourtant déjà définie sur ce premier album, comme étant déjà l'aboutissement d'une démarche artistique singulière, démarche qui culmine dans des pistes comme "A Psychotic Waltz", "Strange" ou encore "Halo Of Thorns", petites perles de metal progressif avant l'heure, à une époque où il ne suffisait pas de pondre des epics de 25 minutes pour faire partie de la bande.
Un premier album totalement indispensable pour les amateurs du genre, tout comme pour les curieux, soucieux d'étoffer leur connaissance du genre. Son succès d'estime donnera lieu à une tournée brève mais intense, et permettra surtout au groupe de viser encore plus haut pour leur album suivant... Mais ceci est une autre histoire !