Le groupe Credo est un peu particulier dans le sens où ses racines remontent au début des années 70 avec le groupe Armageddon (ne cherchez pas, ils n'ont rien laissé derrière eux) et qu'il n'a à ce jour que 2 CD et ce présent DVD à nous présenter (auxquels s'ajoute une K7 de 1992, Chequered Past). Il faut dire qu'entre leur premier CD, Field of Vision, et le suivant, Rhetoric, il s'est écoulé pas moins de 11 ans. Le concert capté ici fait partie de la tournée promo (tout le laisse à penser en tous les cas) de Rhetoric, interprété dans son intégralité.
C'est devenu une habitude chez Metal Mind Productions, ce concert a été filmé en Pologne, dans la salle du Skaski Theatre, où furent aussi enregistrés de nombreux groupes de l'écurie (les Pendragon, Overhead, Pallas…). Terrain connu donc pour l'amateur de neo-Prog. Et après la très courte introduction de Mark Colton (We are Credo, this is What we do…), on entame avec The Game. Le décor est tout de suite planté : ça sonne comme du Marillion période Fish, avec une touche d'Arena.
Credo fait penser à de nombreux groupes nés dans une mouvance dont les leaders (ici, Marillion et son emblématique chanteur Fish) ont tant de personnalité que les suiveurs font tous pâle figure. Ils souffrent de la comparaison, mais prennent du plaisir à faire cette musique qu'ils présentent avec fierté. Prenons Mark Colton. Il n'est pas un grand chanteur (mais est loin d'être mauvais), il n'a pas un physique accrocheur, il n'a pas une personnalité qui captive le spectateur, mais il aime ce qu'il fait et il le fait bien. Ceci ne compense évidemment pas cela, mais c'est ce que peut offrir ce type de groupes et beaucoup sont heureux de les trouver. Attention, rien d'offensant dans ces propos, juste un positionnement.
The Game par exemple, est un titre très marqué Marillion (le chant, les claviers) qui est tout sauf désagréable. Il reste néanmoins nettement inférieur à celui qui le suit directement, Turn the Gun Around, bien plus original et dans lequel le groupe montre sa vraie valeur. Et les titres s'enchaînent, avec plaisir. Une fois accepté le fait que la référence principale de Credo sera présente à chaque titre ou presque, rien ne vient gâcher la fête. Skintrade, par exemple, ne manquera pas de vous rappeler Incubus (sans l'égaler, certes), mais vous fera vibrer à sa façon. Tim Birrell nous gratifie d'un solo de guitare digne de Steve Rothery, dont il a à peu près tous les tics (ce qui n'est pas une insulte, convenons-en).
3 moments seulement vont nous emmener loin de l'album Rhetoric, le Meddley de Field of Vision, A Kindness du même album, et le titre inédit, Round and Round (titre non définitif) de plus de 10 minutes. Ce dernier, extrait du prochain album de Credo, est ambitieux, et laisse espérer un bien bel opus. Le reste des titres est à l'avenant. L'ambiance est créée depuis longtemps et le spectateur est pris par le concert, avec une touche de nostalgie (Too Late to Say Goodbye et A Kindness par exemple) appréciable.
Vous l'aurez compris, ce concert est une bénédiction pour tous ceux qui aiment le genre et les fans du groupe. Passée la période d'adaptation au style (entendez par là la comparaison évoquée plus haut), c'est un enchantement, un vent de fraîcheur et de nostalgie qui s'entremèlent. Credo ne révolutionne rien, ne prétend pas inventer un style, mais fait très bien ce qu'il fait. Ce groupe mérite d'être découvert comme je l'ai fait à travers ce DVD. Un achat gagnant ? Assurément !