Malgré sa qualité, "Get Used To It" avait laissé Rhino Bucket dans une impasse. En effet, le quatuor mené par le guitariste-chanteur d’origine Finlandaise, Georg Dolivo semblait s’enfermer dans un rôle de clone d’AC/DC, certes de qualité, mais sans identité propre. Lorsque la lecture du line-up de ce nouvel album laisse apparaître l’arrivée de Simon Wright (ex AC/DC) au poste de batteur, les craintes sont alors fortes de voir les Américains finir de creuser leur tombe.
Et pourtant, Dolivo et sa bande réussissent une pirouette aussi surprenante qu’inespérée. En dehors d’un "Too Much Talk" honteusement pompé sur le "T.N.T" de la Young Corporation, la plupart des 9 autres titres de "Pain" laissent entrevoir les contours d’une autonomie par rapport à leurs encombrantes influences en provenance d’Australie. Ainsi, si la voix de Dolivo reste proche de celle de Bon Scott, ce dernier dégage une rage largement supérieure à ce qu’il nous avait fait entendre précédemment. Il frôle d’ailleurs la sortie de route à quelques occasions ("The Hard Grind"), mais réussit cependant à éviter la casse.
Tout en restant dans la veine de ses précédents albums, Rhino Bucket nous sert un Hard-Rock Bluesy plus sombre, renforcé par la lourde frappe de Wright. "Pain" donne le ton d’entrée avec son riff obsédant et hyper efficace, alors que "Blow By Blow" et "Bird On A Wire" déversent leur heavy mid-tempo pour mieux nous hypnotiser avant de nous assommer avec leurs refrains fédérateurs. A leurs côtés, "Mad Maggie" lorgne du côté de Rose Tattoo avec ses quelques touches de Slide et son tempo rapide, alors que "World Gone Wild" flirte avec les frontière du Sleaze.
Le combo US revient cependant parfois vers les contrées AC/DCiennes, surtout en seconde partie d’album, ce qui cause un léger ventre mou responsable d’un petit décrochage, même si la structure faussement évidente de "What’d You Expect" mérite tout de même le détour. Dommage car les premiers titres étaient particulièrement encourageants.
"Pain" n’en est pas moins un très bon album qui laisse entrevoir un avenir plus personnel au gang de Georg Dolivo. Reste à savoir si ce dernier saura continuer à creuser cette piste, ou s’il préfèrera revenir sans risque vers ses premières amours aussi étouffantes que les bras d’une mère trop possessive. Souhaitons qu’il ne choisisse pas cette dernière option qui correspondrait sans aucun doute à un suicide artistique, et à la fin de ses espoirs de pouvoir passer à un niveau supérieur.