Les reformations ont rarement comblé les espoirs et les dollars qui y étaient investis. Je ne connais pas les raisons qui ont poussé ces quelques membres de Black Sabbath (Iommi et Butler) à se réacoquiner avec le plus grand nain du métal (Dio), mais peu importe, nous allons vérifier que cela transpire bien dans la musique proposée.
Petit rappel, pour ceux qui n’étaient pas nés ou qui sont trop vieux, « Heaven and Hell », c’était, après le départ d’Ozzy Osbourne, la première production de Tony Iommi avec Ronnie James Dio tout droit sorti de Rainbow, et bientôt rejoint par Vinnie Appice, venant remplacer un Bill Ward peu fiable. Cet album fut un immense succès un peu partout, et fut couronné platine aux USA comme en Angleterre.
En 2006, les quatre compères se retrouvèrent pour rejouer ensemble et repartirent en tournée. Pour ne pas tromper le fan, ils tournèrent sous le nom de « Heaven and Hell », se permettant ainsi de se concentrer sur le répertoire des années Dio, sans créer d’attentes supplémentaires. Apparemment, la symbiose revint rapidement, et ils décidèrent d’enregistrer de nouvelles compositions; ce sont elles qui font l’objet de notre intérêt actuel.
C’est avec « Atom and Evil » que nous sommes précipités dans la lave brûlante! Batterie qui sonne comme une trique sur une peau bien tendue, riffs lourds à souhait, voix lente et puissante, qui déglutit la mélodie avec parcimonie, mais avec quelques tripes. Avec ce titre, nous sommes au cœur même du doom mélodique, certains diront qu’ils appliquent une recette, oui, mais c’est LEUR recette !
Les morceaux s’enchaînent avec bonheur, et leur intérêt croît au fil des écoutes. Le style proposé oscille entre la période DIO, mais intègre pas mal d’éléments mélodiques de celle de Tony Martin. Dans les moments les moins originaux, on a vraiment l’impression que la recette tourne en boucle, et puis, heureusement, arrivent ces moments de magie qui laissent transpirer la sincérité du combo.
Écoutez « Eating The Cannibals », tout y est, c’est vraiment cela qu’on attend d’eux ! Un rouleau compresseur incontrôlable, pris de folie, sans contrainte, qui déboule sans crier gare et écrase ce qu’il peut sur son passage Un solo malsain, inspiré par on ne sait qui, du Sabbath bien black ! La symbiose entre les différents éléments Sabbath se fait aussi à la perfection dans le très mid-tempo et accrocheur « Bible Black », malgré les quelques accords semblant inspirés du « Kashmir » de Led Zeppelin. Dans un style plus hard, « Double The pain » fait mal là où il passe, et a aussi ce petit grain de folie indispensable, inoculé par la basse. On le retrouve aussi dans la dernière plage « Breaking Into Heaven », doomesque, mélodieuse, puissante, un peu trop bien dosée peut-être.
Et alors? Et bien ne tergiversons pas, ne gâchons pas notre plaisir, entendre Iommi sur quelques nouveaux riffs et Butler sur des lignes de basse inédites, c’est déjà une idée du bonheur. Comme en plus, quelques compos sont vraiment hors normes et qu’il n’y a pas de temps morts ou de moments faibles, ce disque est une réussite. Évidemment, on en aurait voulu plus… On en veut toujours plus…