Résumé des épisodes précédents : après l’apparition du métal et du Thrash dans les années 70 – 80 sous des formes « conventionnelles », les années 90 ont vu éclore nombre de genres dérivés tels que le progressif, le Death, le Black, le Symphonique, le Neo, le Core… etc ! Au milieu de ce fourmillement et cette effervescence, on notait également l’apparition du métal Folklorique et du Viking métal (vous êtes toujours avec moi ?!).
Folklorique et Viking disais-je, mais alors que l’un intégrait dans ses lignes mélodiques et ses structures des éléments du folklore local, qu’il soit écossais, finlandais, slovaques et j’en passe, l’autre ressortait les peaux de bêtes et les riffs lourds du True-Metal. Bref, arrivés au XXIe siècle, voici que le Pirate Métal pointe le bout de son navire sur nos platines ! Et si le long périple introductif que vous avez subi a été aussi laborieux, c’est pour tenter de mieux vous faire comprendre la genèse de ce « nouveau genre », qui repompe en fait chez ses glorieux aînés 90% de ses codes.
Après une introduction typique métal folklorique, déboule des rythmiques Thrash, un chant Death et des interludes tous plus barrés les uns que les autres, toujours à contre-courant du style rageur et catchy des titres principaux comme l’Hawaïen « Cloudy With A Chance Of Piracy » ou le latino « La Leyenda ». Ne nous laissons pas aller à une généralisation trompeuse, car au rang des interludes on trouve aussi le très Sytem Of A Down « We Sunk Our Battleship » ou le porcin « Attack » qui offre une magnifique prestation (non-ironique) en goret majeur de l’amiral Nobeard !
Mais revenons un peu sur le choix de la structure en elle-même : 21 titres pour 42 minutes à peine de musique, on serait tenté de s’inquiéter à la lecture de la jaquette. Au final il n’en est rien, et les pirates de Swashbuckle ont peut-être même trouvé la un excellent moyen de rendre l’extrême plus accessible en venant intercaler leurs fameux arrêts au port. Les morceaux les plus longs avoisinent généralement les 2 minutes et ne souffrent donc (c’eut été un comble !) d’aucune longueur, tout en ne paraissant pas pauvre pour autant. Notre équipage manie donc l’art de la concision et de la percussion avec une efficacité jouissive et impressionnante.
Prenez par exemple les deux titres « Scurvy Back » et « Back To The Noose » : accrocheurs mais pas simplistes, enchaînant les riffs et rythmiques techniques sans pour autant tomber dans la complexité gratuite, en un mot des hits ! Entre escales paisibles et mer déchaînée, nous suivons donc le joyeux équipage dans son périple déjanté avec un plaisir sans cesse renouvelé. On retiendra entre autres choses les excellents « Cruise Ship Terror », « Splashnthrash », « Pegleg Stomp » et le final délirant « Shipwrecked » / « Sharkbait ».
Vous l’aurez bien compris : le Pirate Métal n’est pas un sous-genre bâtard sans intérêt, et avec Swashbuckle il prend même une dimension particulièrement jouissive. Les choses étant ce qu’elles sont dans le petit monde du métal, les genres ayant évolué vers les formes les plus extrêmes ou les plus dépouillées, il semble que les prochaines expérimentations soient à chercher du côté de la fusion des genres. L’amiral Nobeard, le commandant Redrum et le capitaine Crashride s’acquittent de leur tâche avec un plaisir communicatif, faisons en sorte que leur solde soit à la hauteur de leurs efforts !