Tony Spinner est un guitariste américain qui débuta sa carrière discographique en 1993. C’est d’ailleurs par l’intermédiaire du talentueux producteur mais aussi guitariste avisé Mike Varney que Tony Spinner signa chez Blues Bureau cette même année. Le premier album de ce jeune musicien avait déjà suscité un certain intérêt chez les amateurs de blues/rock électrique. Son jeu tout en feeling, particulièrement axé sur la wha-wha à cette époque, a en vite fait une sérieuse valeur montante dans l’univers d’un blues où un génie de six cordes comme Stevie Ray Vaughan brillait comme le soleil d’un plein été.
Après quelques albums en solo, Tony Spinner croisa le fer avec Steve Lukather, Paul Gilbert et participa à deux albums en forme d’hommage à Jimi Hendrix et Stevie Ray Vaughan. Ce parcours professionnel en dit long sur le talent du bonhomme et ce nouvel album studio qui tire son titre d’un vieux standard du blues, « Rollin’ And Tumblin », tombe à pic pour renouer le contact avec ce redoutable gratteux dont la notoriété demeure encore trop confidentielle.
« Rollin And Tumblin » amorce le retour à la bonne vieille formule du power trio, très chère aux géants du blues/rock (ZZ Top, Stevie Ray Vaughan And Double Trouble, Pat Travers, Robin Trower) et convient surtout parfaitement à Tony Spinner. Cette galette met particulièrement l’accent sur la guitare, qu’elle soit Gibson Les Paul ou Fender Telecaster, mais restitue tout de même magistralement le travail de la section rythmique grâce à une production sans fioriture, donc très fidèle au « Blues Sound » chaud comme la braise.
Tony Spinner se livre à un véritable festival à travers les quatorze titres de ce sulfureux retour discographique. Une heure et quart de blues électrique de grande classe, ça passe quand même très vite. Surtout que le gaillard se réserve le privilège d’honorer trois classiques en les revisitant de sa patte véloce teintée d’une modernité qui réjouit les tympans. Le titre éponyme au beat survolté, mais également « Cc rider » où la slide se fait reine et « Walking The Dog » dont la version n’a absolument rien à envier à celle des Toxic Twins de Boston.
Alors faites le compte, il reste encore onze compositions originales à se repasser dans les esgourdes. Toute la ferveur de Tony Spinner ne fait que transpirer sur ce blues/rock énergique aux multiples influences. Mais le guitariste/chanteur surpasse allègrement le titre d’outsider. Son blues est suffisamment travaillé et diversifié pour faire de lui un artiste aussi complet qu’identifiable dès les premières notes, qu’elles soient en arpèges au son clair ou en riff bourrasque gavé de saturation. Si un autre fait marquant sert de file conducteur à cet album, il s’agit sans aucun doute de la grande classe des soli envoyés par Tony Spinner. Plus mûr, le six cordiste atteint des sommets et l’on se prend à rêver de Stevie Ray Vaughan ou même Jimi Hendrix tant son jeu est convaincant.
Ce nouvel album se doit impérativement de figurer sur la liste des prochaines acquisitions pour tous les fidèles amateurs de bon gros blues/rock bien pêchu. Même si Tony Spinner ne remplacera jamais des guitaristes aussi légendaires que ceux citer précédemment (j’allais presque oublier l’incontournable irlandais Rory Gallagher), il mérite toute l’attention d’un public fidèle à un style qui a bien du mal à se démoder. « Rollin And Tumblin » a fait passer un cap à Tony Spinner, celui d’un musicien ayant accompli une œuvre qui passera sans complexe les épreuves du temps. Si avec tout ça vous ne savez pas encore ce qu’il vous reste à faire…