Quand on vous dit que la scène metal française est l'une des plus novatrices et intéressantes, ce n'est pas par excès de patriotisme primaire. Dernier exemple en date et non des moindres, Mindlag Project.
Après dix années d'existence et trois EP dont un diptyque inspiré de la mythologie grecque, les originaires de Vitrolle nous ont mûrement concocté un nouveau concept album particulièrement ambitieux qui décline en toile de fond, les vicissitudes de Jon de Grimpclat, justicier psychopathe confronté aux affres de sa bonne conscience… La démarche du projet est d’autant plus inspirée qu’elle s’inscrit dans un vaste projet aussi riche et original musicalement que conceptuellement comme en témoigne le court-métrage instrumental signé Manu Martinez.
Après une course poursuite haletante, tel le meurtrier dont on nous narre le parcours mouvementé, Mindlag Project nous prend très rapidement à la gorge dans un style aussi varié qu'impressionnant. Aucun répit n'est laissé à l'auditeur et au rythme de la « Cerbera » vrombissante du protagoniste, le sextet nous balance un thrash/death mélodique étouffant. Et le style atteint son paroxysme sur le monumental « Cayenne » au refrain entêtant et aux breaks instrumentaux aussi inventifs que techniquement de haute volée.
Mais n’allez pas croire pour autant que « Mindlag Project » est un énième album surfant sur la vague metalcore en vogue, certes sur-vitaminée mais terriblement commune. Non bien au contraire et les orchestrations riches et variées s’efforcent de témoigner de la complexité de Jon de Grimpclat. Ce dernier est globalement enclin à une haine exacerbée suite à une enfance traumatisée par la disparition brutale d'une mère auprès de laquelle il recherche le pardon (« La Chute »). Ces restes de sentiments humains, comme la jalousie meurtrière pour « Rebecca », la mémoire d'un frère parti rejoindre les Shamans que l'on entend sur « Ô Mes Frères », font que Jon est en proie aux doutes qui le rongent (« Cayenne ») ayant pour conséquence de générer une mélancolie notamment véhiculée par l’ « Interlude III », instrumental envoûtant au violoncelle et piano intimiste…
Une véritable guerre de tranchées insoluble se livre dans le for intérieur du personnage central qui passera par tous les stades émotionnels possibles avec comme point culminant, la folie inhérente à de tels conflits intérieurs (« No Salvia »). Au même titre que l’atmosphère musicale globalement suffocante oscillant entre death, thrash, metalcore, rock… Matthieu Melero et Manu Martinez modulent leur chant avec talent pour mieux nous entraîner dans les affres émotionnels d'un personnage torturé... Qui retrouvera son calme froid sur le final minimaliste et mélancolique Agallochien de « La Fin Absolue du Monde ».
Amateurs de metal extrême, vous ne pourrez qu'être envoutés par cet album totalement hallucinant qui vous entraînera au détour des 17 titres, tels les violents soubresauts des victimes, dans les dédales de l'univers complexe mais surtout sanglant de Jon De Grimpclat. 17 titres d’une richesse inouïe pour soixante-dix huit minutes totalement inclassables mais absolument imparables. Un must à ne pas douter et surtout à posséder de toute urgence !