A peine une année s’est écoulée depuis le premier album solo du Nuge, et le voici déjà de retour pour le redoutable et redouté album de la confirmation. Ayant pris de l’assurance, en se révélant entre autre une véritable bête de scène, notre homme aura eu pendant l’enregistrement de ce second opus quelques soucis relationnel avec son acolyte Derek St. Holmes. Toutefois, certains seront ravis d’apprendre qu’en lieu et place de M. Holmes, c’est un certain Meat Loaf encore complètement inconnu du grand public qui fera quelques piges au micro.
Concernant le son et l’ambiance, Ted a gardé la main sur toutes les compositions, y imposant son talent et sa griffe guitaristique. On retrouvera donc tout ce qui avait fait le succès du premier album : un groove rock, voire plus souvent hard-rock, imparable, un humour truffé d’allusions sexuelles à tous les étages, et un génie quasi intacte pour ce qui est des riffs et des soli. Le son est également très typé 70’s, clair mais pas « propre », la batterie raisonnant légèrement, la basse vrombissant et les guitares semblant éraillées.
Free For All s’ouvre donc sur son titre éponyme, chanté par le Nuge lui-même, qui prouve qu’il sait aussi tenir le micro de belle façon. Tout ici, de la basse aux guitares hypnotiques jusqu’aux percussions rappelle un certain Led Zeppelin. L’ambiance est donc Hard-Blues, teinté d’un groove irrésistible et sublimé par les soli courts mais efficaces de Ted. Le second titre est plus orienté Hard-Rock, ce « Dog Eat Dog » et son refrain ultra-simpliste étant amené à devenir l’un des hits du groupe. Là encore notre Caveman nous gratifie d’un solo particulièrement bien senti et maîtrisé.
« Writing On The Wall » est sans doute le morceau le plus complexe à aborder dans cet album, non pas par son développement personnel, mais bien plus par la comparaison qu’on ne peut s’empêcher de faire avec l’immense « Strangehold » présent sur la précédente galette. L’émancipation est d’ailleurs rendue un peu plus complexe par la réutilisation d’une ligne de basse terriblement proche de la première. Malgré tout la rythmique en question reste terriblement prenante, et si le solo délivré par le Nuge est sans conteste un cran en dessous de son illustre prédécesseur, le morceau n’en reste pas moins hypnotique et groovy à souhait.
Le très rock’n’roll « Turn It Up » remet du rythme dans la machine et nous permet de repartir sur les chapeaux de roues pour une face B qui réserve encore quelques belles surprises. Avec toujours la même maestria, le groupe nous offre en effet un « Street Rats » efficace, avant de s’acheminer vers une première ballade magistrale : la prenante et émouvante « Together ». La voix de Meat Loaf fait ici des miracles et le titre s’avère une pure réussite.
Trois titres caractéristiques du style Nugent viennent achever l’œuvre : le rock’n’roll « Light My Way », le heavy « Hammerdown » et le très hard-rock « I Love You So I Told You A Lie ». Chacun d’entre eux viendra un peu plus ancrer en vous la conviction toujours plus ferme que nous tenions bien là un guitariste, auteur et compositeur de très grande classe.
Free-For-All est au final un album de confirmation qui fait très bien ce qu’on lui demande, à savoir démontrer par A + B que le premier chef-d’œuvre n’était pas un accident ! L’effet de surprise ayant disparu, certaines lignes mélodiques ont perdu de leur intensité première, mais même les plus pointilleux devront bien reconnaître que l’énergie et l’inspiration sont intactes. En deux albums, Ted Nugent vient tout simplement de s’imposer comme l’un des grands Guitar Hero de sa génération. Et ce n'était que le début !