Après le colossal succès de IV, Toto va subir les premiers changements de line-up depuis sa création. Le départ pour raisons de santé de Bobby Kimball va temporairement laisser le groupe sans chanteur solo, période durant laquelle Toto compose la musique du film Dune. Peu de temps après, c’est le bassiste David Hungate qui tire sa révérence. Steve et Jeff Porcaro font logiquement appel pour cet Isolation, à leur frère Mike pour le remplacer. Et c’est Fergie Frederiksen qui prend la place de Bobby, dans un registre aigü qui complète celui, médium, de David Paich.
L’intégration de Fergie est, à mon sens, une erreur de casting : au moment où les Roger Hogdson ou autres Jon Anderson étaient dans ce registre au sommet de leur gloire, avec d’étonnantes possibilités dans des aiguës qui savaient ne jamais être agressifs, le nouveau chanteur de Toto va essayer d’occuper le même registre, mais avec un timbre beaucoup moins aérien. Les réalisations du groupe ont toujours eu un certain moelleux, caractéristique que Fergie arrive à gommer dans quasiment toutes ses interventions : Lion, Mr Friendly ou Isolation sont passés en force, et même si les compos sont toujours aussi efficaces, elles se révèlent moins attachantes.
Un peu plus centré rock que IV, plus basique que celui-ci, Isolation s’éloigne un peu des recettes qui ont fait le succès de Toto. Il n’y a que le dernier titre, Holyanna et sa belle gueule de tube qui introduit les chœurs, les cuivres et la sophistication des claviers, pour rétablir en fin de course le savoir faire du groupe. Un passage à vide donc avant la sortie des excellents Fahrenheit et VII, le clone de IV.