Slowman, alias Svante Torngren, est un musicien qui roule sa bosse dans le business depuis le milieu des années quatre-vingts. Après une pause en 2001, le label indépendant Plugged Records édite son retour dans les bacs sous la forme d’une compilation annoncée sous la basique appellation « The Best Of ».
Jusque là inconnu au bataillon des bluesmen qui endossent le rôle de guitariste/chanteur, Slowman s’accroche avec plus ou moins de bonheur dans ce style où, il faut bien le reconnaître, la compilation n’est en général réservée qu’aux pointures comme Gary Moore, BB King ou encore John Lee Hooker. Par contre le live, autre exercice très prisé permettant surtout de démontrer des qualités d’improvisation dont le blues s’accommode particulièrement bien (Johnny Winter et Walter Trout en sont des exemples probants) aurait sans doute mieux convenu pour effectuer un come-back digne de ce nom.
Alors Slowman tente le tout pour le tout avec ce « The Best Of », production typiquement à double tranchant. Et comme de bien entendu, à l’instar de toute forme de compilation, celle-ci ne déroge pas à la règle, à savoir du bon et du moins bon. Alors commençons donc par ce qui vaut quand même un détour : sans conteste les quatre premiers titres, qui se positionnent sur un blues de facture très classique mélangé entre l’acoustique et l’électrique. Mais les soli dispensés par Slowman démontrent que le feu sacré n’est peut-être pas très loin.
Malheureusement, la suite des évènements avance bon an mal an, entrecoupée de ballades douces et sirupeuses au possible, bien loin d’être bercées par l’aura pourtant incontournable du delta du Mississipi. Il faut attendre pour cela un « Struck With The Blues » profond et bien senti mais surtout le langoureux « Standing », titre aux relents gospel avec choeurs féminins du plus bel effet, sans tomber dans la guimauve. Un morceau comme « Hell Of Woman » se révèle aussi intéressant dans sa construction, qui n’est pas sans évoquer les débuts de Dire Straits.
Ce « The Best Of » se laisse donc écouter mais manque singulièrement d’agressivité et de puissance. Le blues, au sens général, proposé par Slowman repose sur une conception bien trop « grand public » et « passe partout » pour procurer des frissons à l’auditeur averti qui se fout éperdument de la règle d’or des « Best Of ». Bien loin de s'apparenter à un naufrage en règle d'un point de vue strictement musical, cette compilation n'atteint finalement pas le résultat escompté. Il vaut mieux attendre un véritable retour discographique de Slowman qui permettra certainement de mesurer plus objectivement toute l’étendue de son talent de compositeur.