Avec "Wild Cats", son précédent opus, les Anglais de Tygers Of Pan Tang avait fait dresser l'oreille des amateurs et se positionnaient facilement en tête du peloton de la NWOBHW, à la poursuite inlassable des leaders que sont Def Leppard, Iron Maiden, et Saxon. Pour ce "Spellbound", quelques changements de line up interviennent dans les rangs des tigres.
Ces mouvements se révèleront salutaires pour leur musique. En effet, sans rien enlever aux qualités de Jess Cox, l'arrivée de Jon Deverill donne une nouvelle dimension à la musique des Tygers Of Pan Tangs. Tout comme Dickinson dans Iron Maiden la même année, la tessiture chaude et la technique irréprochable du vocaliste permettent au groupe de proposer des morceaux plus ambitieux et épiques, à l'image de 'Mirror' très proche d'un Judas Priest. Toujours grâce au chant, des passages plus doux et presque lyriques apparaissent sans ennuyer, comme sur 'Dont Stop By'. Et sans tomber dans la ballade sirupeuse, ces ralentissements occasionnels aèrent l'album de fort belle façon.
Dans l'ensemble, la recette reste la même. Une musique résolument énergique, sorte de heavy métal qui lorgne vers le hard rock. Certaines influences aux grands des années 70's (UFO, Thin Lizzy, Scorpions, The Gun...) sont frappantes mais le ton reste moderne et ancré dans la NWOBHM. Les riffs sont puissants et les soli bouillonnants de Sykes rajoutent encore en agressivité dans la musique des tigres. Sur cette base électrique se posent des lignes de chants facilement mémorisables.
Certains titres présentés ici sortent avantageusement du lot. Le sublime 'Mirror' commence comme une balade pour monter en puissance autour de l'interprétation véritablement fabuleuse de Jon Deverill ! Les rageurs 'Hellbound' et 'Gangland' donnent un gros rythme au début de l'album. La fin sera plus contrôlée mais non sans moments de bonheurs comme 'Dont Stop By' qui conclue idéalement l'album.
"Spellbound" est donc un très bon album malgré une production un peu trop inégale d'un morceau à l'autre (Ils feront mieux sur le suivant). Il est juste dommage de voir l'oubli général dans lequel sont tombés les Tygers Of Pan Tang de nos jours.