Guitariste bien connu des puristes, Milan Polak revient vers nous avec son nouvel album, Murphy’s Law. Deux années après son premier album non-instrumental, Straight, Murphy’s Law garde le même format pour approfondir une démarche qui a déjà fait mouche. Son prédécesseur était empreint d’un hard rock lorgnant sur le grunge, dans un style proche de celui de King’s X. Murphy’s Law reprend là où s’était arrêté Straight pour enfoncer le clou encore plus profondément.
Ces deux années écoulées ont permis à Milan de parfaire son écriture et sa voix, pour un résultat en légère progression par rapport à Straight. La collaboration de Milan au dernier album des allemands de Subway To Sally intitulé Bastard (et qui a connu un certain succès outre-Rhin) n’y est peut être pas pour rien.
Les mélodies sont plus incisives et les rythmiques toujours aussi tranchantes. Les soli de l’autrichien sont d’une grande précision et la voix est mieux maîtrisée, même si son timbre rappelle parfois celui de Billy Sheehan, qui n’est pas vraiment connu pour ses qualités de chanteur! La durée moyenne des morceaux tourne autour des quatre minutes et la variété des guitares utilisées donnent une impression très appréciable de diversité. Milan maîtrise bien sûr le gros son, mais ses incursions acoustiques sont bien senties (l‘évident « Torn »). « Inner Truth », avec son introduction arabisante, est à rapprocher d’un Creed. Le refrain est parfaitement agrémenté de chœurs, et les effets de voix viennent palier à une certaine uniformité du chant de Milan. Sans l’appétence de Milan pour le saturations typée Mesa et les accordages drop-D, certaines chansons auraient pu s’inscrire dans le hard mélodique moderne (« Alien Nation »).
Le morceau le plus long, « The Mystery Of Life », est peut être le plus réussi avec ses déferlantes rythmiques saccadées et sa lourdeur. Les séquences instrumentales sont de haute volée et viennent confirmer que Milan est avant tout un guitariste instrumental. La seconde partie du titre, acoustique et ralentit, est parfaitement intégrée au morceau et ses parties vocales sont particulièrement réussies.
Bien que fine lame de la guitare, Milan ne sur-joue à aucun moment. Ses interventions sont nombreuses mais encadrées et il privilégie souvent des accords simples à des structures plus techniques qui étoufferaient l’ensemble des compositions. Malheureusement, passées les premières écoutes, une certaine monotonie se fait sentir chez l’auditeur. La portée des mélodies et des refrains s’estompent un peu plus à chaque nouvelle révolution de la galette sur la platine.
Loin de réinventer la roue, Milan Polak propose avec Murphy’s Law un bon album de hard rock moderne, qui va du grunge au hard mélodique. En deux albums, les progrès au chant sont notables et la démarche est respectable pour un shredder de tenter l’aventure (Nuno Bettencourt, Paul Gilbert et quelques autres s’y sont essayés avant lui). Les finitions des compositions et la production sont irréprochables, mais il manque un peu plus de précision dans les mélodies pour arriver à décrocher l’attention de l’auditeur sur le long terme. A Music Waves, en tout cas, on croit en Milan Polak.