Aujourd'hui, grâce à Iron Maiden, tout le monde - le monde du metal - connait le New Wave of British Heavy Metal (NWOBHM pour les intimes). Si le succès de Maiden ne s'est pas démenti depuis ce mouvement londonien qui leur a servi de tremplin artistique, difficile d'en dire autant de leurs concurrents de l'époque. En gros, deux formations tireront véritablement leur épingle du jeu (Saxon et Def Leppard) au milieu de la masse, reléguant les autres au rang de curiosités, parfois très appréciées (Angel Witch, Tokyo Blade), mais toujours un peu obscures pour le profane.
Les Tygers of Pan Tang sont de ceux là, confinés dans la deuxième division d'un heavy metal daté. Pourtant, il fut un temps où le groupe était en première ligne, aux cotés de Steve Harris et Biff Byford. Il fut un temps où les tigres impressionnaient. Et même avant l'arrivée du guitariste John Sykes (futur Thin Lizzy/Whitesnake), avant le succès de "Spellbound", il y eu "Wild Cat".
Au début de la nouvelle décennie, le groupe est toujours fortement ancré dans la précédente avec un son plus hard rock que metal, notamment au niveau de la guitare, assez légèrement utilisée (pas trop de distorsion et pratiquement pas d'overdub). Malgré tout, l'énergie est au rendez-vous et donne à l'album une consonance bien plus rock n' roll que blues - comparé à certains ténors du hard des années 70. Il est d'ailleurs difficile de ne pas penser à Thin Lizzy sur certains riffs à accords lâchés et/ou parcimonieux et sur certaines rythmiques frénétiques et lancinantes. Les compositions sont d'ailleurs très correctes et la plupart des chansons propose soit des plans de guitare savoureux (le surprenant "Slave To Freedom") soit un refrain percutant ("Euthanasia").
Le disque souffre malheureusement de deux défauts qui seront promptement corrigés sur le suivant, "Spellbound" : d'une part la voix de Jesse Cox est assez quelconque - malgré certaines tonalité à la... Phil Lynott - et ne rend pas justice à certaines compositions en les privant d'un certain relief, et d'autre part, et malgré ses riffs percutants, Robb Weir n'excelle pas dans l'art du solo. À moins de trouvailles intéressantes (comme sur "Slave To Freedom"), il est rare d'entendre un solo ébouriffant sur ce disque. La double arrivée de Jon Deverill et John Sykes mettra de l'ordre dans tout ça.
Malgré ces deux petites réserves, il est clair que ce "Wild Cat" est très bon pour un coup d'essai et se rangera facilement dans la catégorie capricieuse des coups de cœur, pour peu que vous soyez sensible à cette époque.