Cocorico ! Voilà enfin le nouvel album de Spheric Universe Experience, groupe français qui avait pas mal fait parler de lui avec ses deux opus précédents, "Mental Torments" et "Anima", en se payant même le luxe de se faire remarquer aux USA, ce qui constitue déjà une performance en soi pour un groupe plus hexagonal que sphérique.
Ce nouvel album s'est fait d'autant plus attendre qu'il propose un concept pour le moins intéressant: les phénomènes surnaturels et paranormaux. Pour ce qui est de cette bonne idée, son impact est plutôt limité mais participe tout de même à proposer une ambiance particulière, glauque et grise. L'atmosphère est subtilement amenée par un travail sonore impressionnant et aide sans conteste à rentrer dans un album qui va se révéler assez classique sur certains points et paradoxalement très surprenant sur d'autres.
Classique d'abord, car les structures sont assez prévisibles. La majorité des titres sont construits autour de riffs nerveux et rapides, propulsés par une batterie sèche et précise qui rempli à merveille son rôle en injectant une certaine urgence et de la nervosité au tout. Peu de breaks inutiles, peu de digressions, Spheric Universe Experience va droit au but, et chaque plan a son rôle bien précis. En laissant de coté les aspects les plus vains du progressif, Spheric s'inscrit dans la lignée de formations plus mélodique (je pense notamment à Stratovarius ou Gamma Ray) et gagne ainsi en accroche.
Mais que les amateurs de prog' se rassurent, des éléments intéressants détachent rapidement ce "Unreal" des groupes précités. J'en parlais plus haut, une atmosphère particulière enrobe le tout. Sur la base de morceaux accrocheurs, des petites finitions et des arrangements d'orfèvres embellissent le tout en donnant une certaine profondeur aux morceaux. Dans cette optique, le travail des claviers est tout simplement grandiose... Discrets, subtils, parfois même minimalistes, ceux-ci imprègnent fortement les compositions et leur donnent une nouvelle dimension à chaque écoute. Les passages purement instrumentaux, s’ils ne sont pas légions, sont bien amenés et toujours efficaces. Deux pistes sont même instrumentales, le délicat 'Near Death Experience' et l'envoutant 'O.B.E.'.
L'une des particularités de l'album est également le chant. Hachées sur le couplet, il arrive que les lignes soient alors presque anti-mélodiques ('White Willow', 'Down Memory Lane') et que la voix soit poussive. La libération intervient constamment sur des refrains ultra efficaces et mis en avant par les arrangements. Troublante au départ, cette dualité couplet laborieux/refrain éclatant donne un coté torturé et étroit aux morceaux qui colle assez bien avec l'ambiance, et permet surtout de porter efficacement le refrain.
Si la présence d'un morceau phare ou d'un petit plus aurait donné à cet album un cachet supplémentaire, il est difficile de ne pas être admiratif devant l'intelligence de l'approche et la crédibilité du tout. Spheric Universe Experience ne s'est pas moqué de son public avec un nouvel opus riche et très bien ficelé qui se bonifiera sans aucun doute avec le temps.