Quand j'ai posé dans mon lecteur ce premier album de La Tulipe Noire, je partais avec un a priori négatif. J'avais lu plusieurs chroniques présentant cet album comme un clone du "Script for a Jester's Tear" de Marillion et, si je n'ai rien contre les filiations, je n'apprécie pas les imitations. Qu'en est-il ?
La Tulipe fait du rock néo progressif avec les mêmes instruments de musique et les mêmes notes que tous les groupes néo prog. A part ça, la musique de LTN ne ressemble pas plus à Marillion qu'à IQ ou au Genesis des 70's.
Lorsque commence le premier titre, "Oblivion", on est tout de suite ensorcelé par un tempo lent, martelé par des percussions très basses, un son d'orgue pesant fait d'accords longuement plaqués. L'ambiance est sombre, la guitare est chargée de reverb, puis on accélère vers un rythme plus rapide, plus gai, avec des sonorités plus légère, piano, clavecin et flûte.
Tout cela serait excellent s'il n'y avait le chant. Lena, la chanteuse, qu'on ne retrouve heureusement pas sur les albums suivants, a une voix limitée qui psalmodie les textes comme des chants religieux dans un couvent. Ce n'est pas foncièrement insupportable, mais je n'aime pas vraiment ce genre de registre.
Dans ce disque il y trois titres (In the haunted forest, The sign of the dragon et The messenger) qui sont totalement desservis par le chant, d'autant qu'ils sont musicalement moins puissants que le reste des compositions. Il y a même un passage de "The Messenger" où l'on se croirait dans "Et maintenant" de Bécaud, impression surtout due au beat type garde républicaine. Heureusement il y a les titres comme "Orange Flames" et "The Burst" où la voix est moins prédominante, et où l'on sent la couleur naissante du gros son LTN qui explosera dans les CDs suivants. Et puis, il y a surtout deux instrumentaux, "Through the gates" et "Gateway", qui sont superbes.
Ce que je retiens de cet album, ce sont les promesses de grandeurs futures qu'annonce cette musique déjà puissante et riche d'invention dans la recherche de sonorités de synthés ou de guitares électriques ou acoustiques. Je peux vous le dire, puisqu'à l'heure où je chronique cet opus je connais déjà très bien les deux suivants, qu'elles seront tenues. L'arrivée d'une nouvelle chanteuse donnera à La Tulipe Noire un son qui ne doit rien à personne (ou alors à tous les groupes de prog et néo prog qui les ont précédés). Je monte la note jusqu'à 6/10 à cause de la créativité et de l'ambiance plutôt sombre que j'adore.