Dans un style assez similaire à celui de The Used période In Love & Death, et parfois de Nirvana (dont The Used s’est toujours réclamé), les Français (Montpellier ?) de Kyle’s Dancing Method nous proposent avec ce premier véritable album un Rock nerveux et très éclectique.
En effet, si le parallèle avec les groupes précités est parfois facile à faire - la voix et la basse renvoyant par moment de manière troublante à Nirvana - et pourrait faire craindre un résultat sentant un peu trop le réchauffé, la variété des compositions, des sons utilisés et des formats de chanson est telle que l’on ne peut absolument pas parler de plagiat ou de facilité. On passe en effet de l’acoustique et apaisé "Match Girls Blues" au punkisant et énervé "Cleaning Session", en passant par un "Afterschool Snack" qui semble célébrer le mariage entre les Smashing Pumpkins et un Heavy métal traditionnel.
S’il est difficile de faire ressortir un titre du lot, même si "Hoboes Stole My Car" et "Saint John" ont des petits accents de coup de cœur, il est encore plus difficile de trouver un titre faible ou tout simplement dispensable. En effet, que ce soit la qualité du chant, aidé par une diction en anglais plus que crédible, l’efficacité de la section rythmique ("Padded Room"), ou bien le côté carré des interventions de la guitare en solo, tout concourt à faire de ce Pictures un très bon album. Ce d’autant plus que la production, due à Laurent Nafissis (Dyonisos, Kragens, Uncommonmenfrommars, …) est de très bonne qualité. Celle-ci rend hommage au côté direct et brut du groupe tout en le dotant d’un son clair et puissant.
Dans un style qui pourrait désormais paraître un peu rébarbatif et peu propice aux surprises, Kyle’s Dancing Method réussit le tour de force de rendre sa musique immédiatement accessible et jouissive. Et ce n’est pas le seul paradoxe inhérent au groupe. Le très bon niveau de ses membres est également surprenant, une fois encore au regard du style pratiqué. Au-delà du cas déjà évoqué de Fr, le chanteur, certaines interventions de Matt à la guitare sont assez étonnantes, que ce soit au niveau du son ("Afterschool Snack", "Profit Rules"), ou au niveau de la technicité. Antoine, le batteur, n’est pas en reste, son style très typé 'Heavy métal' et le son énorme qu’il produit - un son qui n'est pas forcément associé à ce genre musical - renforce le côté singulier du groupe.
Vraiment, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce très bon disque au charme immédiat. En cherchant la petite bête, peut être souhaiterait-on que le groupe progresse au niveau des parties de guitare rythmique, qui pour certains auditeurs pourraient manquer d’un peu de puissance et d’épaisseur. Mais bon, on est là dans le parti pris. En tout état de cause, si Kyle’s Dancing Method n’a tout de même pas sorti l’album de l’année, il fait montre sur ce disque d’une fraicheur, d’une honnêteté et d’un savoir-faire assez bluffants.