Groupe formé en 1985 de la fusion de deux groupes, les bostoniens d’Extreme vont produire leur premier album éponyme en 1989. Tout d’abord repéré et distingué dans leur état du Massachussetts, c’est le label A&M Records qui va suivre le groupe pour ses quatre « premiers » albums. Les quatre musiciens qui forment Extreme ont tous une vingtaine d’années en 1989 et leur fougueuse jeunesse va accoucher d’un opuscule brillant et plein d’énergie, porté par un guitariste virtuose et par un chanteur au timbre exceptionnel.
Outre les morceaux de pur glam-rock et ceux de fusion métal-funk qui seront une des marques de fabrique d’Extreme, les quatre de Boston proposent des ballades souvent fort bien écrites et des parties instrumentales presque progressives qui leur sont directement inspirées par Queen (groupe qui sera une des influences majeurs surtout pour "III Sides"). Cet "Extreme" pose les jalons d’un style propre à la formation qui sera affiné pour l’album suivant "Pornograffitti".
L’album commence sur quelques notes d’harmonica pour enchaîner sur un titre très rock dans lequel les harmoniques de Nuno fusent déjà. Son solo est ultra mélodique et de groovy et cela restera vrai pour chaque chanson de cet album. Après un 'Wind Me Up' au rythme saccadé et au refrain magnifié par des chœurs parfaitement maîtrisés, c’est le fameux 'Kid Ego' qui fait basculer la musique d’Extreme dans quelque chose de plus funky.
La majorité des textes de l'album traitent de l’enfance et des petits tracas de l’adolescence et ce 'Kid Ego' en est la parfaite illustration. Le solo de Bettencourt n’est pas le meilleur qu’il ait écrit mais il se rattrapera sur le titre d’après, 'Watching Waiting'. Cette power ballade très soignée donne toute sa place aux chants entrecroisés de Gary et Nuno. Le solo est amené avec finesse et dissonance et les bends de Nuno sont déchirants.
'Teacher’s Pet' et 'Big Boys Don’t Cry' sont presque jumeaux et confirment un talent toujours aussi impressionnant pour concocter des morceaux avec beaucoup de musicalité et des refrains qui font mouche instantanément. Les interventions de Bettencourt sont très minutieuses et l’écoute attentive révèle une multitude de notes discrètes jouées par le maître. Quant à 'Smoke Signals' et son intro acoustique très funky, il peut se targuer de posséder le plus beau solo de l’album.
Parmi les morceaux plus originaux, citons 'Rock A Bye Bye', morceau en deux parties avec une ballade dans le style des londoniens de Queen et une instrumentale dans laquelle Nuno nous propose un solo déchirant. Les premiers signes des orchestrations chères au portugais feront leur apparition dans ce titre. Enfin, 'Play With Me' au tempo élevé qui donne le tournis avec son intro néoclassique, son solo supersonique et le phrasé rapide de Gary Cherone.
Ce "Extreme" est un magnifique premier album pour un groupe qui prendra de la densité rapidement. La maturité musicale des musiciens est impressionnante pour un premier jet et la teneur plutôt naïve des textes laissera sa place à un contenu plus engagé et social. Dès Pornograffitti, le style funkysant et les appétences politique grandiront et trouveront leur apogée dans III Sides.