Derrière le nom de Vangough se cache le talentueux Clay Withrow, musicien multi-instrumentaliste s’étant déjà brillement illustré en 2007 avec l’album "Dissonance Rising", cette fois accompagné d'un nouveau collaborateur occupant le poste de batteur. Autant le dire tout de suite, le premier effort studio de cette formation ne se contente pas seulement de rivaliser avec les précédentes compositions de Withrow: Manikin Parade est un album particulièrement abouti et efficace débordant d'imagination.
Les treize titres de Manikin Parade séduisent avant tout par la singularité de leur style. La richesse de Dream Theater associée au caractère nuancé de Pain Of Salvation et à l’atmosphère d’Evergrey, le tout soutenu par la finesse du Floyd. Rien que cela. Il en résulte alors un équilibre du plus bel effet entre métal prog et rock symphonique, et ce pendant près de 75 minutes sans perte de vitesse ni temps mort.
La formation n’étant pas signée, il aurait été possible de s’attendre à une production laissant à désirer et ne servant pas les compositions. Et c’est là l'un des nombreux points fort de Manikin Parade: l'album a été mixé par Sterling Winfield (Pantera), et ce dernier a su délivrer un son particulièrement fin et sophistiqué mettant en valeur aussi bien la puissance que la délicatesse des morceaux.
Les compositions sont profondes et complexes, les harmonies et mélodies entrainantes laissent aisément la place à des riffs énergiques et tranchants. Ces évolutions très maitrisées sont permises grâce à des transitions très travaillées exploitant parfaitement les passages mélancoliques et sombres sans pourtant oublier l’impact percutant d'une distorsion. A noter aussi qu’au long de cet album, la technique est utilisée avec une grande parcimonie. Loin de faire étalage de leur habilité instrumentale, les membres de Vangough utilisent la technique pour véritablement servir la musique au lieu de l’alourdir.
La voix de Withrow sait aussi renforcer l’idée de nuance apportée par les différents instruments en adoptant des styles de chant pouvant aller du faible murmure dépressif chargé d’émotion à la grosse voix heavy dans un genre s’apparentant - certes un niveau en dessous - à celui de Daniel Gildenlow. Rapprochement qui se justifie d’autant plus que Withrow a parfois recours à un chant proche du Neo-Metal/Hip-Hop ('Manikin Parade'), comme peut le faire l’auguste musicien suédois.
"Manikin Parade" est donc un album particulièrement complet que la créativité rend aussi bien convainquant que captivant. Mais le premier album du combo américain présente surtout l’avantage d’avoir une propre personnalité, un propre son, un propre univers…Toutes les caractéristiques d’une véritable gemme, qui, je l’espère, sera rapidement suivie par d'autres opus de la même envergure. Chapeau l'artiste.