Artiste à la carrière on ne peut plus en dents-de-scie, Jorn Lande nous revient donc, comme chaque année, avec un nouvel album solo. Les derniers crus, mitigés, montraient que lorsqu'il n'est pas supervisé par un véritable créateur (Finn Zierler ou Arjen Lucassen, pour ne citer qu'eux), le sieur Lande a bien du mal à donner à ses créations cette singularité qui sépare les grands albums des sorties "acceptables".
En l'occurrence, le bonhomme nous ressert ici encore une soupe Hard Rock mêlée d'AOR, qui, si elle demeure d'une excellente facture, notamment grâce à la production soignée d'un autre scandinave, Tommy Hansen (guitariste et producteur de Beyond Twilight), peine à se montrer convaincante. Toujours inspiré par Whitesnake, Journey et autres ténors de la discipline, Lande se balade dans ce disque plutôt fade, qui malgré une musicalité affirmée, ne parvient jamais à s'extirper d'une facilité certaine et regrettable. Assénant sans vergogne ses sempiternels "Mmmh oh oh ooh", le Duke semble se contenter du pilote automatique pour assurer son gagne-pain annuel, attendant sans doute de retrouver Masterplan (la rumeur du moment) pour se laisser aller à des vocalises plus audacieuses.
Difficile, au final, de se montrer indulgent envers cet album, même en étant personnellement très amateur du timbre singulier de Jorn. Des riffs classiques et efficaces, des solis classiques et efficaces, une recette de toute évidence connue sur le bout des doigts, une bonne production – mais il manque l'essentiel : l'inspiration. Les fans invétérés de la voix de Lande, principal argument de vente de cette galette norvégienne, pourront rajouter deux points à la note ; les autres passeront leur chemin...