Avec "American Idiot" sorti en 2004, Green Day avait frappé un très grand coup, revenant non seulement sur le devant de la scène rock internationale après quelques années d’errance, mais prouvant aussi que le petit groupe de punk rock américain qu’il était pouvait franchir un palier musical. "American Idiot" a montré un groupe devenu mature, osant proposer un opéra punk rock et le réussissant complètement.
Le succès commercial et critique de ce disque a donc replacé Green Day dans le peloton des grands noms du rock mondial. Ce nouvel album, "21th century breakdown", est le fruit de plus de trois ans de travail avec le producteur Butch Vig (Nirvana, Garbage) et au vu de l’attente engendrée par le succès et le long délai depuis "American Idiot", la pression sur le groupe est assez considérable. Pression accentuée par le fait que le groupe ait annoncé préparer un nouvel opéra rock et donc prenne le risque de la redite.
Mais coupons court tout de suite au suspense, Green Day a de nouveau réussi son pari haut la main et à même réussi l’exploit de surpasser son prédécesseur. En 18 titres, le groupe retrouve encore l’histoire des Etats-Unis. Cette fois-ci il relate celle de l’après Georges Bush à travers l’histoire et le destin tourmenté d’un couple, Christian et Gloria, confronté à la guerre, la religion, la politique et la drogue. Le découpage en 3 actes rappelle outre le principe de l’opéra rock celui d’une comédie musicale.
Musicalement, la formation garde le même schéma que sur "American Idiot", à savoir un savant mélange entre rock, pop et punk, mais le tout en s’ouvrant encore d’avantage à d’autres influences. Cet opéra rock se montre même au niveau des grands disques du genre, rappelant par exemple "Tommy" des Who. Les 70 minutes de musique (soit le plus long disque du trio) passent très facilement sans longueurs ni temps morts mais au contraire avec un intérêt constant.
L’album s’ouvre par une courte introduction, 'Song of the Century' qui se présente comme une bande annonce d’un vieux film, le son avec du souffle dessus renforçant cette idée. Puis l’acte I, 'Heroes and Cons', débute. Il contient six titres et présente la partie la plus rapide et typiquement punk du disque même si quelques accalmies donnent ici et là le ton général du disque. Le titre éponyme, après une courte partie de piano, est typique du style Green Day, à savoir du punk rock efficace avec une mélodie immédiate et imparable, tout comme 'Know Your Enemy', le premier single qui enchaîne de belle manière avec un refrain imparable taillé pour cartonner en concert et dans les charts. Avec Viva la Gloria, le groupe calme en partie le jeu. Dans la première partie du titre, le piano seul accompagne la voix de Billie Joe Armstrong, avec ensuite quelques cordes pour un résultat superbe et émouvant. L’accélération dans la partie finale du titre est plus classique mais tout aussi belle et prenante. Cette tendance plus soft et profonde se confirme avec les deux très bons titres de fin de premier acte et annonce la couleur de l’acte II. Mention spéciale à 'Before the Lobotomy' pour la qualité des parties de chant.
L’Acte II, 'Charlatans And Saints', est donc plus lent un peu plus sombre même, et sur les six titres qu’il contient, plusieurs formidables en ressortent. 'Peacemaker' présente un rythme flamenco très dansant et rapide digne du meilleur System of a down avec des parties de chant magnifiques avec chœurs énormes, le tout possédant un feeling énorme. 'Litte Girl, Viva la Gloria' est le pendant du titre du premier acte, avec encore du piano comme dans un vieux cabaret sur la voix d’Armstrong puis avec une accélération présentant un riff imparable avec toujours cette ambiance si particulière. Retenons aussi 'East Jesus Nowhere', excellent titre en partie rapide qui fait parfaitement ressortir chaque instrument. Force est d’ailleurs de constater que Tré Cool le batteur et Mike Dirnt à la basse complètement parfaitement Armstrong dans ce qui est le titre le plus musical et varié du disque.
Enfin l’Acte III, 'Horseshoes And Handgrenades', regroupe cinq titres peut être moins immédiats mais qui constituent une belle conclusion à ce majestueux ensemble. '21 Guns' possède des allures de futur hit. En effet cette ballade en partie acoustique et tout en retenue à tout pour plaire à un large public et elle s’impose comme un grand titre tout comme 'American Eulogy'. Cette dernière en courtes deux parties est un excellent titre tout en nuances avec un début qui reprend la mélodie de l’intro de l’album avant un aspect plus typiquement punk rock comme en début d’Acte I.
Au final, Green Day confirme largement le potentiel entrevu avec American idiot en signant un album majeur pour sa carrière et le rock en général. De plus le groupe s’impose comme un des grands noms du genre en montrant une maturité réellement impressionnante.