Cela fait maintenant quelques semaines que Pathways fait partie de ma discothèque et j'avoue qu'il m'aura fallu un certain temps avant de déterminer quel qualificatif reste le plus approprié à cet album. Après y avoir longuement réfléchi, je pense que le mot permettant d'exprimer le mieux mon sentiment est : gonflant.
De même qu'au sujet de l'album Invitation, j'imagine que ce discours va faire bondir les guitaristes sensibles à la musique classique. Il est vrai que Pathways est superbement exécuté, bénéficie d'une production de très bonne qualité et que les trois guitaristes ont un sens musical affirmé. Mais quel manque d'imagination !!!
J'avais été, par exemple, le premier à applaudir lorsque Ritchie Blackmore avait repris la neuvième de Beethoven sur l'album Difficult To Cure, de Rainbow. C'était sympa mais il s'agissait d'un simple clin d'oeil au milieu d'un album qui avait sa propre personnalité. Ici, c'est très différent : l'ensemble est articulé autour des morceaux les plus bateaux qu'on puisse trouver en musique classique... un coup de Cinquième Symphonie de Beethoven, une Sonate Au Clair De Lune, encore de ce sacré Ludwig, et Jésus Que Ma Joie Demeure de Bach... il ne manquerait presque plus que La Symphonie Du Nouveau Monde d'Anton Dvorak ou Le Hall Du Roi De La Montagne, d'Edvard Gried, pour faire un album digne d'être vendu en supermarché au milieu des dernières comédies musicales.
Quant au reste des compositions, même si nombre d'entre elles sont personnelles, elles vous rappellent instantanément des musiques de film ou d'autres compositions classiques... vous vous surprenez même à prendre le livret en vous disant "ah oui, je reconnais mais je me souviens plus de qui c'est..." et vous êtes étonnés en constatant qu'il s'agit soi-disant d'une composition originale !
Ce sont des albums comme celui-ci qui contribuent à mettre un peu plus le monde classique à l'écart. La musique est la musique, qu'elle soit classique, rock, jazz, funk, etc... En essayant de faire croire que Bach et Beethoven sont les seuls compositeurs classiques dignes d'intérêt, on marginalise un peu plus ce style de musique, de même que ceux qui essaient de nous faire croire que les seuls véritables représentants du rock sont les Rolling Stones et Elvis.
Une question, messieurs : Mahler, Stravinski, Verdi, Rameau, Lulli, ça vous dit quelque chose ? Non ? Pourtant, ils ont eu leur heure de gloire, eux-aussi, et ils avaient tout autant de talent que ceux que vous nous servez pour la nième fois...Penser qu'on ne peut pas apprécier ces compositeurs méconnus est une insulte à notre sens critique...