Quand il est question de stoner, de manière générale, viennent assez vite à l’esprit des formations du nom de Kyuss, Down, Clutch ou encore Queen of the Stone Age. Des combos dont la réputation n’est plus à faire et dont l’épicentre des secousses sonores qu’ils envoient est plus à situer du côté des Etats-Unis ou encore de l’Angleterre pour les origines du genre avec Cathedral ou Black Sabbath. Depuis quelques années, la Norvège, et la Scandinavie plus globalement, n’est plus en reste en matière de production de ce son brut estampillé stoner. Sans toutefois se targuer de couvrir un espace médiatique important, la scène locale s’est du moins construite un cercle d’amateurs grâce notamment à la qualité de leurs différents travaux. Dans le haut du panier, apparaissent ainsi, sans tous les citer, Sagh, Dozer, The Awesome machine, Witchcraft, et bien sur les osloïtes d’Honcho.
C’est sous la houlette du label français Longfellow Deeds que sort en 2002 "Corporate Rock" après des participations remarquées à diverses compilations du genre. Avec cet album, Honcho se fera remarquer, non pas par une personnalité qui pourrait se démarquer des autres, mais bien par la qualité indéniable de ses compositions. Le brûlot "Grebo Mentor" est d’ailleurs la première preuve de ce présent plaidoyer. Lourds, puissants, imposants, les premiers titres avancent de toute leur masse par des riffs fiévreux et nonchalants.
Il faudra attendre "Peyotte" pour que le rythme s'affole, que le colosse jusque là croulant sous son propre poids de riffs se décide finalement à galoper. L'album se divise ainsi dans son ensemble entre mouvements massifs et ceux plus vifs, emporté d’un bout à l’autre par le chant racé et légèrement éraillé de Trond Skog. D'autre comme "Loco Steam" domine par des cadences de métronome qui se rapprochent singulièrement de ce que peut proposer AC/DC.
Par contre, a posteriori, peu de morceaux intègrent ce blues qui se retrouvera sur "Burning In Water, Drowning In Fire", et qui leur offrira sinon une réelle identité leur appartenant déjà, un moyen de se démarquer véritablement au sein de la scène stoner. A vrai dire, il n’intervient qu’à titre d’encart à l’image de "Dark Tunnel Of Love" qui ne donne sa place à quelques plans bluesy qu’en milieu de piste. De même, les guitares psychédéliques sont peu présentes mais décisives comme sur "Messy Ferguson" sur lequel elles déversent un fluide électrique qui préfigurera une nouvelle fois le futur visage de la formation.
Un premier album, et les Norvégiens, déjà dans la cour des grands, imposent le respect par leur force et leur indéniable efficacité. Du stoner de haute volée pour les amateurs et les autres.