(Cheated) I've been cheated
My heart's been bruised
(Cheated) I've been cheated
All my life I've just been used
Tout quadra qui se respecte aujourd’hui et pour qui la NWOBHM fût une révolution musicale a un jour hurlé, à s’en défragmenter la luette et à s’en maculer la glotte, ces paroles tirées du titre « Cheated » extrait de l’album « Time Tell No Lies » de Praying Mantis, le groupe qui aurait pu être aussi grand que les monstres qu’a enfanté cette Nouvelle Vague du Heavy Metal Britannique. Allez, j’écrase une larme tiens, ça hydratera mes rides !
Les frères Troy, fondateurs de la Mante, avaient tout compris à leurs débuts, le cocktail Hard Mélodique classieux, ils en connaissaient les ingrédients par coeur : couplets et refrains soignés + guitares épiques + pochette au visuel marquant (merci Rodney Matthews) + mascotte élégante et teigneuse + patronyme porteur (une tueuse élégante). Le breuvage était destiné à arsouiller pernicieusement les hordes de chevelus qui peuplaient en ces temps-là les marchands de disques (pas pratique les cheveux longs sur les yeux quand on se penchait sur les bacs à vinyls en passant frénétiquement en revue leur contenu n'est ce pas ?!).
La beuverie aurait dû perdurer mais le sort ou les mauvais choix des frangins Troy (mais pourquoi tant tarder pour sortir le second album et changer de nom pour couronner le tout !) en ont décidé autrement. Néanmoins, après une disparition du circuit qui dura plusieurs années, 1991 fût l’année du renouveau et depuis, la Religieuse Verte nous a proposé régulièrement un petit rejeton dont elle pouvait à tous coups être plutôt fière. Oh certes, ses cousins de l’époque bénie ont suivi tout au long de ces années un parcours bien plus enviable qu’elle, mais force est de constater que Manty a encore les crocs. Sont-ils toujours acérés en 2009 avec l’album « Sanctuary » ? Pas la peine de filer à la conclusion de cette chronique, je vous l’annonce dés maintenant lecteurs impatients, la réponse est ‘‘plus que jamais’’ !
Question musiciens, on peut constater l’arrivée d’un nouveau chanteur, Mike Freeland qui, après avoir fait ses armes sur scènes avec les Troy apparaît ici pour la première fois sur album, du guitariste Andy Burgess (ex-Grand Slam) et du batteur Benjy Reid.
A l’écoute de cet album, il ne faut pas attendre plus de 20 secondes avant de retrouver le Praying Mantis que nous aimons, celui qui sait distiller dans tous les aspects de ses compositions la mélodie qui enjôle. Des attaques de titres enlevées de « Restless Heart », « Playing God » et « Sanctuary » aux refrains colossaux notamment celui de « Playing God », du bluesy « Tears In The Rain » et de la somptueuse balade « Lonely Way Home », des guitares (sur...tous les titres !...et ils en sont gavés!) qu’elles soient acoustiques ou électriques à la voix (proche de celle de John West de Royal Hunt) de l’excellent « Freeland », tout est ici dédié à la mélodie. Vous allez me dire, c’est du Hard Mélodique, c’est un peu normal que ça soit mélodieux. Certes, mais là, promis-juré-craché, cet opus suinte la mélodie par toutes les notes qu’il distille. Visiblement quand on a ce talent dans le sang, les années peuvent passer, l’imperturbable atavisme guide encore l’inspiration, et l’insecte majestueux en a à revendre.
N’allez surtout pas croire que le côté mélodieux prive les titres de puissance... Tentez une écoute de « Touch The Rainbow » et de « Treshold Of A Dream » et vous comprendrez. Je peux vous assurer que ça ne sent pas le moisi et ce grâce - et il faut le noter car on a rarement l’occasion de les féliciter - au batteur qui assure méchamment dans le genre.
Je n’ai pas cité « So High » que les fans vont pouvoir reprendre à gorges déployées durant les concerts ni « In Time », le titre d’ouverture, qui démarre posément avant d’accélérer façon cavalcade (ce batteur arrache tout !) pour notre plus grand plaisir.
Il convient de noter également, et cette rareté mérite que l’on s’y penche, que les compositions ne sont pas assimilables dès les premières écoutes. Non pas que l’on mette du temps à rentrer dans l’œuvre car elle vous plaque au mur immédiatement, mais plutôt que toutes ses subtilités ne se donnent pas corps et biens à vous dès ‘‘ le premier soir’’. Il va falloir être patient gentlemen, mais votre plaisir n’en sera que plus émouvant…
Allez, on remercie Frontiers d’avoir épinglé ces talentueux britanniques à leur tableau de chasse et, en retour, le label peut féliciter notre insecte préféré car il se pourrait bien que cet album soit le meilleur de leur collection 2009 à ce jour et vraisemblablement jusqu’à la fin de l’année car la barre vient ici d’être placée à une hauteur très respectable.
L’homo sapien hardos-mélodicus est désormais prévenu. Mon gars, si tu t’approches trop prêt de la pieuse ensorceleuse, elle ne fera qu’une bouchée de toi !... Alors ?...séduit ?