Dune est une production tout à fait atypique dans la carrière de Toto. Paru en 1984, entre IV et Isolation, juste après le départ de Bobby Kimball du groupe, cet album entièrement instrumental est la seule illustration musicale de film que le groupe ait composée. Et quel film, puisqu’il s’agit de Dune, une référence en matière de saga d’anticipation ... Le réalisateur, David Lynch, choisit de faire appel à Toto pour la BO. En définitive, c’est David Paich qui se montra le plus enthousiaste pour le projet, même si tout le groupe participa à l’écriture. La direction de l’orchestre Philarmonique de Vienne, connu pour la qualité de sa section cordes, a été confiée à Marty Paich, le père de David.
Atypique, Dune l’est donc à plus d’un titre : aucune partie chantée, chœurs plutôt rares (First Attack, Final Dream), ralentissement des tempos, peu d’utilisation solo de la guitare, absence quasi-totale de percussions : la batterie, discrète, n’est présente que sur Desert Theme et Take my Hand, et les percussions ne martèlent que les scènes de combat (Robot Fight, First Attack) ... Le gros du travail est confié à l’orchestre, avec une belle intégration des claviers (The Box). Le groupe a soigneusement étudié les ambiances du film pour coller au plus près, un vrai boulot de création atmosphérique qui mène à des compositions de type classique, avec par exemple un Floating Fat Man très dans l’esprit d’une fugue de Bach, ou Take my Hand qui évoque le Roméo et Juliette de Prokofiev. A noter la participation de Brian Eno, qui livre ici un Prophecy Theme dans le style planant dont il a le secret.
Les compositeurs laissent donc leur imagination développer des thèmes purement instrumentaux, plutôt à l’inverse des albums précédents où les parties non chantées étaient assez réduites. Au final, le résultat est très relaxant mais n’emballera évidemment pas les amateurs de rock pêchu. Bien que Dune ait été un échec en tant que film, les membres de Toto considèrent que le travail produit ici leur a été bénéfique. Une agréable parenthèse atmo dans la carrière du groupe.
Note : une version étendue a été éditée par PEG Records en 1997. Si elle reprend l’intégralité des scènes musicales du film , elle paraît moins intéressante que la version d’origine présentée ici : en plus des nombreuses redites liées aux thèmes récurrents du film, certaines pièces présentent des problèmes de masterisation.