Il se sera fait attendre, ce second album de Stream Of Passion, projet initialement fondé par Arjen Lucassen avec la chanteuse mexicaine Marcela Bovio. Il faut dire qu'il a fallu renouveler pas moins de 3 membres du groupe depuis le premier CD. Départ d'Arjen Lucassen, de la guitariste Lori Linstruth puis du pianiste Alejandro Millan (et accessoirement fiancé de Marcela), cela faisait beaucoup. La plupart des groupes n'y aurait pas survécu mais Mlle Bovio et la section rythmique restante constituée de Johan Van Stratum et Davy Mickers ont tenu bon.. Ah, non !! On me signale que Davy lui non plus ne fait plus partie du groupe ! Bien que ce soit ses parties de batterie sur l'album, il a quitté SoP pour se concentrer sur sa famille et se trouve déjà remplacé par un certain Martijn Peters.
Aujourd'hui, difficile de ne pas comparer ce nouvel opus au précédent, déjà vieux d'il y a près de quatre ans, un album qui s'écartait sensiblement de ce qu'avait fait Arjen Lucassen auparavant. Il faut dire que, contrairement à ses habitudes, Lucassen n'avait pas tout composé seul et Marcela avait fortement participé à l'écriture. Le groupe étant de toute évidence tenu à bout de bras par la jeune femme, on pouvait donc espérer le meilleur de ce nouvel opus.
De fait, on peut dire que la ligne musicale est conservée. De courts morceaux entre 4 et 5 minutes, un mélange de riffs plus ou moins lourds (on y retrouve d'ailleurs parfois les leitmotivs de Lucassen !), parfois assez agressifs, et du symphonisme avec des influences classiques romantiques. Les arrangements sont du même style, avec une prépondérance du piano pour les claviers et des arrangements pour quatuor à cordes sur tous les morceaux. Marcela joue également davantage de violon (électrique). Il y a cette fois quelques synthés en plus et les passages calmes au piano sont plus nombreux, même s'il ne s'agit parfois que d'introductions avant une montée en puissance des guitares. Les guitares parlons-en, sont du même genre que sur le premier opus, mais parfois plus lourdes. Pourtant le côté plombé de certaines parties est presque toujours contrebalancé par un refrain ou un break plus léger, voire carrément aérien. Evidemment, plus de Lori Linstruth pour les soli (qui ne sont pas très nombreux, d'ailleurs) et le style de Stephan Schultz est assez différent, plus passe-partout. L'ambiance générale est peut-être aussi un peu moins sombre, disons juste mélancolique et passionnée.
Mais il y a toujours cette voix, largement mise en valeur par des chœurs et des réenregistrements. Une voix lyrique et chaude, profonde, désespérée et impeccablement juste. Le registre de Marcela a beau être impressionnant de largeur (elle ne descend quand même pas souvent dans les graves, même si elle le peut), on la reconnaît très rapidement ; pas de confusion possible avec les nombreuses vocalistes féminines qui semblent fleurir dans les groupes metal et gothiques depuis quelques années. Mélodiquement parlant, la chanteuse a probablement surpassé ici sa performance de "Embrace the storm", qui était déjà pourtant assez remarquable.
Ce qui est amusant est de retrouver des riffs saccadés typiques de Lucassen comme sur "In the end" ! Par contre, je ne vois toujours pas l'intérêt d'avoir 2 guitaristes dans un tel groupe… Assurer la rythmique pendant les soli du sieur Schultz ? Peut-être. Je dirais plutôt pour alourdir le son en live – ce qui risque de noyer encore une fois le piano et les claviers.
"The flame within" atteint un sommet avec la ballade "Run away" dominée par le piano et le violon avant que les autres instruments n'arrivent sur le quart final. Et puis il y a le titre le plus long, "Street spirit", qui n'est autre qu'une reprise de Radiohead ! SoP en a fait un morceau puissant et lyrique, à l'ambiance tragique (est-ce vraiment étonnant ?) dont la mélodie est à la fois originale et accrocheuse. Citons encore le très symphonique "My leader" et ses vocalises angéliques. L'album se termine sur une délicate ballade intimiste arrangée pour piano et cordes aussi belle que courte, laissant un sentiment de fringale musicale… Autrement dit, on en redemande.
Si vous avez aimé le premier disque, vous apprécierez probablement tout autant celui-ci et même si vous n'étiez pas totalement convaincu par "Embrace the storm", jetez donc une oreille sur "The flame within". SoP possède une personnalité propre et, même si les petites expérimentations sonores du premier album ont disparu sur ce nouvel opus, le groupe va quand même au-delà de ce que Within Temptation et Evanescence ont pu proposer sur un plan purement mélodique. On aimerait pourtant que le groupe essaie de faire quelques morceaux plus développés, en incluant peut-être certaines influences inhabituelles présentes dans les albums d'Elfonia. Ceci dit, Marcela Bovio n'a peut-être pas voulu prendre trop de risques musicaux, étant donné le renouvellement de la formation. A suivre…
PS : L'album est disponible en édition limitée avec un quatorzième morceau.