Un an après avoir proposé « Ange Ou Démon », Manigance décide de ressortir son premier disque, originalement sorti en 1997, enrichi de quatre bonus (qui deviendront huit dans la réédition de 2009). Pourquoi alors, considérer que ce « Signe De Vie » date de 2003 et non de 1997 ? La réponse est assez simple, la sortie initiale fut si confidentielle (un mini CD de 6 titres tiré seulement à 1500 copies) et la réédition une telle réussite que même sur le site Internet du groupe, « Signe De Vie » est présenté comme le second album de Manigance. Les six titres originaux ont été remastérisés et de fait sonnent de manière très moderne.
Le style « Manigance », fait de chant puissant en français, de guitares incisives, de titres rapides et mélodieux et d’une section rythmique très présente, est immédiatement reconnaissable. Tout au plus peut on constater que la batterie est un peu moins impressionnante que sur les albums suivants, et surtout est affublée d’un style un peu trop mécanique et d’un son un peu trop électronique. La voix puissante de Didier Delsaux n’a pas encore atteint le niveau de maîtrise qui sera le sien à partir de « D’un Autre Sang ». Bien que son chant soit déjà à même de faire pâlir de jalousie la quasi-totalité de ces pairs, on sent qu’il a encore une marge de manœuvre, notamment en termes de charge émotionnelle et de capacité à varier son timbre de voix.
Par contre les guitares ont déjà ce son tranchant à même de booster un morceau (l’intro de « Signe De Vie », les riffs de « Ligne Blanche »…). Les six titres bénéficient d’un son excellent et n’auraient absolument pas dépareillés sur « Ange Ou Démon ». Ce qui fera le succès de Manigance est déjà bien présent sur cet EP.
Tout au plus peut on trouver « Rebelle » un léger ton en dessous.
Au niveau des bonus, c’est la fête au village. Les quatre bonus de 2003 commencent par une version acoustique et ralentie de « L’ultime seconde ». Amusant mais pas inoubliable. Il s’ensuit une double reprise du groupe canadien « Trimph » tirée de leur très bon album « Surveillance » (l’intro « All the King’s Horses » et « Carry On The Flame ») durant lesquels Manigance fait un étalage de son savoir faire. On oscille avec bonheur entre AOR, progressif, Heavy. Justement, le très Heavy « Believer » (un bonus tiré de l’édition japonaise de « Ange ou Démon ») nous dévoile un groupe agressif et très affuté. Sur ce titre chanté en Anglais, les béarnais sont impériaux. Les guitares, et notamment un passage acoustique du meilleur effet, sont excellentes et font de ce morceau une des pièces maîtresses de l’album.
Lors de la réédition par XIII Bis Records de l’ensemble des albums du groupe au sein d’un coffret de cinq disques en 2009, quatre nouveaux bonus ont été ajoutés.
« Delivrance » un titre présenté en avant première de l’album attendu fin 2009 est une petite déception. Hormis un très beau passage de guitare acoustique, ce titre souffre d’un refrain sans grande originalité. Gageons que la totalité du prochain album ne soit pas de cet acabit. La version 2009 du titre « Sans Fard » rassure un peu tant l’interprétation est efficace et convaincante. Le groupe propose ensuite une reprise, également très réussie, du « Vivre Ou Survivre » de Daniel Balavoine. Ce titre, déjà repris par le groupe « FOU » en 1996, est tout bonnement excellent et est à ranger à coté de l’excellente reprise de « Tous Les Cris, Les SOS » du même Balavoine par Stephan Eicher : on touche au sublime. Le disque se termine par une reprise très Heavy du « Future World » des danois de Pretty Maids, déjà présent en bonus vidéo sur « D’un Autre Sang ». On retrouve là un Daniel Pouylau (batterie) impérial.
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’avec cette réédition, Manigance a mis les petits plats dans les grands et propose un produit qui allie qualité et quantité. La marque des grands.