Avec l'engouement suscité par leur tout premier "Effloresce", certains fans désormais assidus du quintet se sont montrés impatients quant à leur prochaine création. C'est pourquoi auront-ils à patienter seulement un peu plus d'un an avant que le groupe leur fasse cette nouvelle offrande, certes plus courte mais qui mérite tout autant d'attention. A bien des égards "Music For Nurses" constitue en effet une transition pas foncièrement catégorique mais d'une qualité et d'une diversité indéniable, une sorte de montée en puissance avant l'avènement du chef d'œuvre "Everyone Into Position".
Tout d'abord, il est question du son de cette production qui booste les compositions, de cette chaude teinture que revêt le trio de guitares notamment sur les passages les plus énervés et cette palpitation de baguette dont la précision n'est plus à prouver.
Le bouton Play enfoncé, il ne reste plus qu'à se laisser embarquer. Car débute "One Out Of None", archétype puissant et technique de ce qu'Oceansize sait proposer de plus violent. Le riff monumental introductif, Mike Vennart hurlant comme un Mike Patton déchainé et ces arpèges frétillants, tout s'accorde à merveille malgré les multiples changements de rythmes. Après tout, chaque album aura droit dans le futur à son déferlement de décibel entre "A Homage to a Shame" (Everyone Into Position) et "Sleeping Dogs And Dead Lions" (Frames)
Plus loin, les esprits se reprennent, le souffle se fait plus lent, l'ambiance s'apaise sur "Paper Champion". Une tension est toujours palpable mais le rythme s'est calmé. Vennart, toujours présent, ne s'impose plus mais se laisse guider par la réalisation parfois proche de Tool en clair obscure, mais qui relâche la pression en fin de parcours.
Crescendo l'empressement tourne à l'atonie. Et c'est par un court mouvement post-rock que continue cette déjà belle aventure. Bref moment disais-je car " Dead Dogs an' All Sorts" pointe alors le bout de son nez. Son introduction pourrait faire croire à une certaine continuité dans la rémittence, seulement à l'instar d'un Godspeed You ! Black Emperor, l'ascension vers les hauts sommets est longue, salutaire mais difficile... Quoiqu'il n'en est rien au regard de ce qui attend chacun au sommet, ce pic du nom de " As The Smoke Clears", suite et fin logique qui débute sur un énorme riff répondant à une frêle note de guitare, contraste saisissant tout autant que percutant. Cette dichotomie bien installée se poursuit sur les sept minutes, laissant comme avec "One Out Of None" une impression d'avoir reçu deux chapes de distorsions, comprimant tel un étau les productions plus éthérées.
Cet EP n'a pas à pâlir face à ses plus longs frères d'art. Pièce méritante et légitime dans la discographie des Anglais, elle constitue un pont imposant entre "Effloresce" et "Everyone Into Position". Oceansize confirme ce qu'il avait réussi à imposer sur son premier album : un style bien défini et un talent insolent.