Alors que, jusqu’alors, D-A-D avait toujours évolué de manières crescendo en termes de puissance, ce « Simpatico » est une grosse surprise qui annonce l’évolution à venir du groupe. Clairement les Danois ralentissent les rythmes et s’aventurent vers un style où les titres mid-tempo occupent la plus grande partie de leurs disques.
Cela est d’autant plus surprenant que leur album précédant, « Helpyourselfish » (1995), avait marqué un sommet (pour le groupe) en matière de puissance. En effet, et à l’exception de « Flat » le dernier morceau aruspice de ce disque, celui-ci était très Heavy.
Si, avec « Simpatico », nous n’en sommes pas encore au niveau de l’album « Soft Dogs » (2002), qui à ce jour est l’album de plus calme de D-A-D, nous sommes clairement à des années lumières du style qui a fait connaître le groupe.
Pour autant, et au-delà de ces changements de direction musicale, s’il y a bien quelque chose qui ne change jamais avec le groupe des frères Binzer, c’est la qualité qui une fois de plus est au rendez-vous.
Si « Empty Heads », le premier titre, fait encore un peu parler la poudre avec son riff de guitare qui rappelle parfois U2, nous sentons toutefois que la mélancolie et la retenue seront au rendez-vous. Hormis les pêchus « Simpatico » et « No One Answer », la tendance est en effet bien à l’émotion et à la nostalgie. La superbe voix de Jesper Binzer, aussi à l’aise sur les titres puissants que sur les ballades, fait merveille dans ce style un peu traînant et plaintif. Les mélodies sont toujours aussi superbes, et l’utilisation de guitares acoustiques, comme sur « Home Alone », met encore plus en exergue le sens de la composition du groupe.
Pas un seul titre faible, ne vient altérer le plaisir qu’apporte l’écoute de ce très bon disque. La qualité est tellement présente que la déception initiale que l’on peut ressentir lors de la découverte, en lieu et place des furieux titres espérés, de morceaux oscillant entre Pop et Rock est totalement balayée au profit du plaisir de voir le groupe se réinventer et innover de si belle manière. Un chanteur exceptionnel, un sens de la composition jamais pris en défaut, le parti pris de l’innovation, on se demande ce qui peut empêcher un tel groupe de rencontrer un succès énorme ? La réponse est simple : une distribution famélique et une maison de disque aux fraises… Quel gâchis !