Vous connaissez la Hongrie ? Sûrement un peu, de nom d'une part, et puis aussi parce que c'est le pays d'origine de notre président. C'est aussi de là que vient After Crying, vieux groupe de Progressive Rock. Eh bien, c'est de là que nous vient Wind's Eye.
L'image qui veut qu'on enfourne la galette dans le lecteur est ici inutile, ce disque (mais en est-ce encore un ?) n'est vendu que sur le net, dématérialisé, chez 2 distributeurs que nous ne citerons pas. Wind's Eye pourrait être catalogué dans la catégorie Métal Progressif comme dans celle du Rock Progressif. Et pour ceux pour qui il est important d'apposer une étiquette, je dirais Métal Progressif, mais c'est bien parce que chez Music Waves, le service est important ! Et pas facile d'en dire beaucoup sur notre trio hongrois, car ils ne sont pas extrêmement diserts sur eux-mêmes. Le bassiste-compositeur Gergely Banos, le batteur Sandor Petrovics et le guitariste Jonas Tamas ont également utilisé les talents d'un chanteur-pianiste, Bartik Balasz et d'un clavier, David Kosa.
Pourquoi vous disais-je un peu plus haut qu'il est difficile de classer cet album ? Probablement parce que le Rock Progressif de The City est parfois assez métallique, et que, à d'autres moments, c'est le métal de ce concept qui est léché comme du progressif. Vous me suivez ? D'accord, on fait dans la nuance, mais c'est vraiment ça, pourtant… Et n'allez surtout pas croire que c'est une musique sans personnalité ou qui ne fait pas de choix. C'est même tout le contraire. Parlons-en un peu de cette musique.
The City est un concept album parlant d'une mégapole surpeuplée dans laquelle la population doit survivre, comme elle peut. Pour illustrer tout ça, une musique riche, puisant ses origines dans Dream Theater autant que dans Saga, Pink Floyd ou Magellan, ce dernier plus pour le timbre de la voix du chanteur que pour la musique. Le jazz s'invitera aussi en fin de disque, le tout avec un talent qui m'a personnellement laissé pantois.
Dès le premier titre, Soaring, l'attention est captée. Ceci pour beaucoup de raisons, parmi lesquelles la qualité des lignes de chant, bien accrocheuses, mais aussi, peut-être même "Mais surtout", pour ce guitariste absolument parfait. Une technique à la John Petrucci, à la Ian Crichton, Steve Rothery ou tout autre guitariste qui brille dans ce style. Jonas Tamas, qui a sorti son propre album solo en cette même année 2009, est tout simplement le pilier musical du concept auquel il donne le ton.
Il n'est cependant pas seul, et il serait injuste de reléguer au simple rang d'accompagnement le travail de la rythmique ou des claviers. La rythmique par exemple, qui dans un passage instrumental de grande facture (Soaring, vers 5'15), peut être, sans qu'elle ait à rougir, comparée à celle de Saga dans ses meilleurs moments.
Mais c'est la composition qui finalement l'emporte, car tous ces talents portent un projet musical de haute volée. Ecoutez Meditation, appréciez la progression de Morning Flight, qui clôt l'album, les variations d'ambiance de Whirl, et toutes ces lignes de guitares à couper le souffle, tout au long des 9 titres de cet album. Que vous aimiez les soli mélodieux à la Steve Rothery ou rapides, voire en shred vous serez gâtés.
Et je ne vous ai pas parlé de The Savage, de Two Men ou du cours et intermédiaire Traffic, mais rassurez-vous, pas de temps faible dans cette longue suite de bons moments. Un seul reproche, c'est que ça s'arrête au bout de 45 minutes. Avouez qu'il y a pire comme inconvénient.
Chaque année, nous avons tous la chance de découvrir de nombreux disques parmi lesquels certains ressortent, et font notre top 5. Vous venez de lire la chronique d'un disque de mon top 5 de 2009. Ce n’est pas plus compliqué. Et si la note méritée par The City est supérieure d'un point à celle finalement donnée, ce n'est pas par sanction, mais par prudence. Ce n'est que leur premier Opus, ne l'oublions pas. Wind's Eye pourrait faire encore mieux la prochaine fois, et là, je ferais quoi moi ?