Au même titre que "Helpyourselfish" (1995), "Simpatico" (1997), "Soft Dogs" (2002) et dans une moindre mesure "Scare Yourself" (2005), ce "Everything Glows" est passé quasiment inaperçu lors de sa sortie en France. La faute à une promotion pour ainsi dire inexistante et à une distribution anémique dans l’hexagone. Il faut noter qu’en dehors de la France et des USA, le groupe continue à bien fonctionner, "Sympatico" étant même un très gros succès commercial pour D-A-D.
Clairement, chez nous le disque n’a as été diffusé avec tous les atouts en poche. Et c'est d’autant plus dommage que, comme tous les albums de D-A-D (depuis "No Fuel Left For The Pilgrims" tout au moins), ce disque est un petit bijou. La recette a beau être bien connue, l’efficacité est au rendez-vous. La voix de Jesper Binzer est comme toujours un régal avec un alliage presque parfait entre puissance et sensibilité. Sa gouaille qui transpire la joie de vivre, son phrasé qui alterne les vocaux rageurs et les parties plus intimistes, son sens de la mélancolie, tout concourt à faire du danois un chanteur incontournable, et ce, bien que celui-ci évolue dans un style peu démonstratif.
Les guitares sont également de la partie. Elles oscillent entre parties hargneuses, 'Everything Glows', 'The Road Below' ou 'Ninteenhundredandyesterday' à un moindre niveau, et passages plus en nuance et en retenue, comme cela est le cas avec la quasi ballade 'Candy Bar' ou avec le très moyen 'As Common As'. Pourquoi citer particulièrement ce dernier titre ? C’est assez simple, à l’exception de celui-ci, il n’y a pas grand-chose à regretter dans ce "Everything Glows", à commencer par le titre éponyme qui est une petite perle alliant rythmes entrainant et vocaux charmeurs. Citons également un 'Evil Twin' tout en souplesse et en changements de rythmes.
Le groupe se trouve en plein milieu de la phase d’évolution qui le conduira du très dynamique "Helpyourselfish" aux mélancoliques "Soft Dogs" et "Monster Philosophy". Les ambiances et les tempos sont variés, et le groupe gagne indéniablement en profondeur. Le Rock immédiat et jouissif qui a fait leur réputation se charge d’une palette plus large en émotions, s’enrichie de multiples saveurs ('Sunstar'). Et cela fonctionne. Pas un seul instant l'auditeur ne songe à crier à la trahison ou au virage commercial tant la démarche semble pure et surtout couronnée de réussite, et tant les guitares acoustiques, qui fleurissent ça et là, trouvent leur place le plus naturellement du monde.
Les paroles donnent toujours dans un humour rafraichissant ('Last Mango In Paris') et facile (le groovant 'Kiss Between the Legs'). C’est peut être dans ce domaine que le groupe montre le plus de difficultés à évoluer et à franchir un cap. Cela est d’autant plus dommage que la couleur musicale proposée par D-A-D, qui semble lorgner de plus en plus vers l’introspection, gagnerait à se voir doter (parfois) de paroles un peu plus profondes. Mais bon, il faut avouer que cela fait également du bien de se prendre une bonne salve de Rock ‘n Roll sans fioriture ni prise de tête.
Pour la petite histoire, car cela n’a pas beaucoup d’impact sur la musique, ce disque marque l’arrivée d’un nouveau batteur, Laust Sonne. Il scelle également le changement de typographie du nom du groupe qui devient D-A-D, en lieu et place de D.A.D (et avant de devenir D:A:D). D’après le groupe, ces changements « d’orthographe » sont les témoins d’une nouvelle d’orientation musicale. S’ils le disent !
Ne soyons pas contrariant avec nos amis danois et applaudissons ce nouveau logo, qui pour être très honnête ne marque pas une révolution au sein de D-A-D, mais plutôt une lente évolution. Si ce motif ne justifie probablement pas de tels applaudissements, ce disque lui, mérite bien une standing ovation. Alors ne soyons pas avare ou regardant et saluons à sa juste valeur cette nouvelle réussite de nos danois préférés.