Chris Caffery, c’est bien sûr le guitariste présent sur les dernières productions de Savatage, mais aussi sur celles de Trans Siberian Orchestra et du génial, mais hélas éphémère, Dr Butcher. Savatage en berne, Chris Caffery se consacre aussi à sa carrière solo, et ce « House Of Insanity » est son troisième album. Les deux premiers avaient laissé entrevoir de bonnes choses, mais noyées dans trop d’insipidité et pourvues d’un complexe Savatage un peu trop marqué.
Si Chris s’est bien entouré pour cet album, il persiste malheureusement à chanter, ou plutôt à tenter de singer Jon Oliva en personne. C’est parfois réussi, c’est hélas souvent raté. Comme les chœurs se sont manifestement mis au diapason, il y a quelques titres qui sont saccagés par les vocaux, alors que la mélodie et la musique auraient pu assurer, comme sur « I Won’t Know », « Madonna » ou encore « The Fleas ».
Pour continuer dans les compliments, il faut aussi savoir que la production n’est pas géniale, les instruments sont parfois mixés trop en retrait par rapport au chant, et comme celui-ci n’est pas au top… Et puis le tout semble manquer cruellement d’énergie... Ce n’est pas lourd comme un Black Sabbath peut volontairement l’être, non, c’est pesant, c’est plaqué au sol, ça en collerait presque aux oreilles. Même sur de bonnes compositions, comme « Back’s To The Wall », ou « Madonna », on finit par jeter l’éponge devant un tel électrocardiogramme plat. Du nerf les gars, que diable, du nerf !
En fait, c’est peut-être l’ombre de Savatage qui plane un peu trop ouvertement et semble paralyser Chris et ses comparses. Et pourtant, il y a de bonnes idées, comme l’ambiance un peu étrange à la Alice Cooper sur « House Of Insanity ». Il y a même de bonnes compositions, comme « No Matter What» ou « Seasons Change », et puis, il faut avouer que Chris est un guitariste hors pair. Il y a d’ailleurs quelques très bons plans guitare sur cette galette (« Shame » , « No Matter What », « The Fleas »). La frustration n'en est que plus grande à la sortie de ces nombreuses écoutes.
Alors que faire ? Tout d’abord, Chris, tu engages un chanteur à plein temps. Ecoute « Solitaire », c’est peut-être le meilleur titre de l’album et qui chante ? Zakary Stevens ! Tu te contenteras de quelques lignes, il y en a qui te conviennent parfaitement (comme l'intro de « House Of Insanity »). Et tu n'es pas obligé de prendre un clone de Zak ou de Jon, juste un bon chanteur à la forte personnalité. Ensuite tu te lâches, je sais qu’il y a un créneau « Savatage » à prendre, mais alors, prend le à fond, et balance nous la même énergie, qu'elle soit celle du désespoir ou autre, peu importe, fais nous vibrer!
Vous l’aurez compris, malgré de nombreuses écoutes, ce disque, qui n’est pourtant pas exempt de qualités, laisse un peu dubitatif (et je passe sous silence la reprise de Bob Marley). Chez certains il pourra combler un peu l’absence de Savatage, chez d’autres, il ne fera qu'élargir encore cette plaie béante.