ARTISTE:

MOONGARDEN

(ITALIE)
TITRE:

A VULGAR DISPLAY OF PROG

(2009)
LABEL:

AUTOPRODUCTION

GENRE:

ROCK PROGRESSIF

TAGS:
Chant éraillé, Electro, Neo, Planant
""
NUNO777 (16.07.2009)  
4/5
(2) Avis des lecteurs (0) commentaire(s)

Dire que j’attendais le nouveau Moongarden avec impatience est une contrevérité. Savoir que j’avais classé le précédent album des italiens en première place de mon TOP 5 2008 pourrait suffire à justifier mon état d’esprit.

Le virage opéré par le groupe dans son dernier album, Songs From the Lighthouse, avait été pour me plaire avec cette propension à écrire des pièces d’une énergie intense en gardant une ligne mélodique évidente. Le contraste entre deux états que sont la fureur portée par de grasses saturations et la finesse des harmonies magnifiées par la voix de Simone Baldini Tosi était la clé d’un album au charme irrésistible.

C’est donc avec satisfaction que j’ai pu constaté que le line-up de Songs From The Lighthouse était intact, laissant entrevoir de belles espérances. Néanmoins, les divulgations du titre de l’album, A Vulgar Display of Prog, et de l’illustration de la pochette étaient pour le moins déconcertantes. En effet, sous un logo multicolore apparaît ce qui doit représenter un dessin d’enfant figurant deux personnages souriants avec pâles couleurs et membres disproportionnés, l’un aux pieds de l’autre. Mais ce qui fait froid dans le dos c’est le triangle aiguisé perché au sommet de l’immense bras tendu prêt à frapper sa confiante victime. On est loin de l’imagerie fantastique, mais non moins troublante, de Songs From The Lighthouse.

Les huit titres, dont le dernier de plus de seize minutes, laissent circonspect dans leur appellation. C’est donc dans un sentiment mêlé de curiosité et d’appréhension que votre serviteur aborde ce A Vulgar Display Of Prog. Une fois n’est pas coutume, ce sera une analyse titre par titre qui sera proposée.

Les premiers accords de "Boromir" sonnent et ce qui sera une constante est ainsi révélée: une grandiloquence de claviers et d’instruments électroniques souvent complétée d’une guitare très puissante. Un couplet d’une grande complexité harmonique est entrainé par nombre de bruitages et laisse place à un refrain très mélodieux. Les envolées instrumentales qui ponctuent les refrains sont tour à tour puissantes et atmosphériques. Ce premier morceau est assez court et immédiat dans son assimilation. Il conte l’aventure du personnage Boromir tel qu’il existe dans le livre de J.R.R Tolkien Le Seigneur des Anneaux. Les mellotrons genesiens ont laissés beaucoup de place à des claviers plus synthétiques et qui paraissent moins adéquats à franchir la barrière du temps. Drôle de parti pris pour Moongarden.

"Aesthetic Surgery" démarre sur quelques notes de piano, que l’on retrouvera à plusieurs reprises dans le morceau, et le chant débute par le refrain. Les accords dissonants qui accompagnent ce refrain ne sont pas des plus mélodieux mais le calme revient pour un couplet dans lequel piano et effets sonores se partagent l’espace. Des belles séquences atmosphériques apparaissent dans ce morceau contrasté par ce refrain assez dérangeant et martelé par la batterie. Le court interlude instrumental est introduit par un piano presque jazz. Une énergie assez impressionnante se déploie lors de cette séquence musicale dans laquelle le riff de guitare prend du relief sur une modulation de claviers un peu kitch. Morceau difficile d’accès et qui, dans sa partie chantée, rappelle certaines chansons de Songs From The Lighthouse. Le solo, quant à lui est d’une beauté déchirante.

"MDMA" décrit les effets (pour mieux les critiquer?) de la substance connue sous le nom d’ecstasy et dont l’acronyme scientifique est MDMA. Le couplet et le refrain sont pour le coup parfaitement réussis avec de magnifiques accords de claviers pour le refrain et des mélodies vocales bien senties pour le couplet ("Call it MD/That’s shorter than MDMA… "). Là encore le solo de David Cremosi est déchirant à souhait.

"After MDMA 'From Lezooh to Miryydian' " vient donner de l’air après trois titres de bonne facture mais difficiles à digérer. Dans cette courte instrumentale (03:36 au lieu de 05:00 annoncée sur le livret, erreur commise sur plusieurs morceaux d’ailleurs!) beaucoup de programmation et de claviers pour une ambiance atmosphérique envoûtante mais sans grande valeur ajoutée. Le titre du morceau ainsi que son contenu nous amène à penser que Moongarden a voulu décrire l’état de relaxation accompagnant la prise de MDMA. Quoiqu’il en soit des intentions des italiens, ce titre ne restera pas dans les annales.

Finalement cet interlude est idéalement placé avant "Wordz And Badge" qui déclenche les hostilités avec force et lourdeur. Le refrain est brillamment amené et il débouche sur une partie plus tranquille en fin de morceau dans laquelle le clavier nous distille son chorus. La toute fin du morceau reprend le gros riff du début dans un climat électro distordu. Pour l’instant, même si les morceaux de qualité sont présents, le constat est moins positif qu’espéré. Moongarden a changé d’orientation depuis Songs From The Lighthouse avec des choix parfois contestables. Ce qui est sûr c’est que le génie manifesté dans le précédent album n’est plus à l’ordre du jour.

"Demetrio And Magdalen" est un titre lent et émouvant qui met un certain temps à installer une mélodie bien que porté par de très belles voix. Une écoute au casque ne peut que quintessencier l’effet de ce titre tout en rinforzando qui ne se dévoile que lentement. Le solo est encore une fois majestueux.

Les beats électros sont de nouveau de rigueur avec "Enter The Modem Hero". Les percutions originales de ce titre balisent admirablement les couplets avant que les refrains ne viennent envahir l’espace et le temps. Les mélodies ne sont pas les plus fines qu’ait composé Moongarden et le côté solennel du refrain procure comme un certain malaise.
La montée en puissance de fin de morceau est déchirante et vient accentuer la teinte emphatique du propos des italiens.

Heureusement, c’est le plus long morceau de l’album, "Compression", et ses 16 minutes 30, qui succède à l’inertie de "Enter The Modem Hero". Sur une introduction acoustique avec légères percussions et guitares acoustiques, c’est le chant aux forts accents gabrieliens de Simone Tosi qui vient surmonter un mellotron que l’on attendait plus. Il aura fallu attendre la fin de l’album pour enfin entendre autre chose que des sons de synthétiseurs, et le résultat est à la hauteur de l’attente. La mélodie est débarrassée de tout artifice pour un début de morceau plein de quiétude. En réalité cette première partie n’est autre que le reprise d’un titre de Mike Rutherford et Anthony Phillips qui apparaît sur la face-B du single Working In Line (issu de l’album Smallcreep’s Day) et qui porte le même nom.
De cette reprise (remaniée) suit une interactivité entre trois personnages; un humain, un avatar et un administrateur, sur fond de musique décousue avec des harmonies vocales complexes, presque tribales. Le contenu de cette chanson fait directement écho à "Enter the Modem Hero" dont le sujet est l’appréhension de la réalité virtuelle dans les rapports humains. Nous ne rentrerons pas dans le détail des textes qui oscillent entre le limpide et l’ésotérique. Il va de soi que la lecture des dialogues est indispensable pour entrer dans cette deuxième partie de morceau qui se déploie sur plus de 12 minutes. Le disque se termine sur une apothéose de claviers démesurés et de chants éthérés, laissant à l’auditeur le soin de se remettre de toutes ses émotions.

Après de nombreuses écoutes attentives, A Vulgar Display Of Prog n’a pas révélé tous ses secrets et de nombreuses mélodies restent encore à assimiler. Il est encore trop tôt pour conclure à une longue pérennité de cet album surtout quand celui-ci contient autant de claviers dont les sonorités peuvent s’avérer rapidement désuètes. Cet album est malgré tout trop inégal pour prétendre faire aussi bien que son prédécesseur, le très bon côtoyant trop souvent le dispensable. Il reste donc un léger sentiment de déception au regard des attentes que nous formulions. Moongarden a su faire évoluer sa musique; et même si c‘est dans une direction inattendue, ne lui enlevons pas cette vertu. Le sacrement sera-t-il pour le prochain disque ?


Plus d'information sur https://www.facebook.com/moongardenband





LISTE DES PISTES:
01. Boromir 06:50
02. Aesthetic Surgery 10:00
03. MDMA 07:15
04. After MDMA "From Lezooh to Miryydian" 05:00
05. Wordz and Badge 08:15
06. Demetrio and Magdalen 06:35
07. Enter The Modem Hero 08:00
08. Compression 16:30

FORMATION:
2: Guitares
3): Guitares
7: Guitares
8): Guitares
Cristiano Roversi: Claviers / Stick Chapman
David Cremino: Guitares
Eddy Cavazza (5: Guitares
Marco Tafelli (1: Guitares
Massimo Menotti (4): Guitares
Maurizio Di Tollo: Batterie
Mike Ill ("Human" sur 8): Chant
Mirko Tagliasacchi: Basse
Rivka ("Avatar" sur 8): Chant
Simone Baldini Tosi: Chant
Zef Noise ("Admin" sur 8): Chant / Violon
   
(2) AVIS DES LECTEURS    
ALADDIN_SANE
29/07/2009
  0 0  
4/5
Moongarden, une des formations transalpines les plus intéressantes du moment. Contrairement à la plupart de ses confrères, le groupe n'essaye pas de perpétuer une tradition 70's du Progressif mais préfère souvent ancrer sa musique dans la froide modernité des claviers synthétiques, chose qui peut-être déroutante pour nombre d'auditeurs habitués aux sonorités chaudes des Mellotrons et autres Moog.
Ce nouvel album révèle encore une fois un groupe fortement inspiré, un chanteur à la voix rauque toujours en forme et des solos de guitares beaux à pleurer. Ceux qui ont apprécié "Songs from the lighthouse" devraient y trouver leur compte.

PETER HACKETT
17/07/2009
  0 0  
3/5
Une relative déception pour moi ce nouveau Moongarden ...
Mais à la lumière de la chronique de Nuno je pense que je vais approfondir l'écoute de cet album moins accessible que "Songs from the Lighthouse" et moins ensorcelant que "Round Midnight". Sans doute le signe que Moongarden évolue, ce qui est plutôt une bonne chose, mais ce pas n'est pas facile à franchir !!

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LECTEURS:
4/5 (1 avis)
STAFF:
3.7/5 (3 avis)
MA NOTE :
 
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