Après le réussi et acclamé The Songs of Distant Earth sorti deux ans auparavant, Mike Oldfield continue sa parenthèse dans sa discographie marquée du sceau des cloches tubulaires, en publiant un album hommage aux musiques qui ont inspiré une bonne partie de son œuvre, retournant ainsi aux racines celtiques qui ont bercé ses oreilles.
Voyager est ainsi composé de titres écrits dans cet esprit, mais également de reprises de morceaux traditionnels, avec en tête de gondole le plus que fameux Women of Ireland qui a inspiré moult interprètes et titres dérivés, dont le non moins fameux Words des Christians ! La reprise ici présentée n'est d'ailleurs franchement pas la meilleure que l'on ait entendue sur la planète musicale, plongeant l'auditeur dans une somnolence non coupable … Et cela va malheureusement être le cas de la plupart des plages de cet album, le très célèbre She Moves Through the Fair et son tempo à 20 bpm en étant encore un exemple concret.
Bien qu'entouré de pointures du genre, avec entres autres le mythique Matt Molloy (flûtes diverses) et le non moins mythique Liam O'Flynn (cornemuse irlandaise), les interprétations servies ici sont d'une mièvrerie à la limite du consternant, sans imagination, quand elles ne sont pas carrément bâclées (The Hero ou encore Wild Goose …, et ces instruments qui ne jouent pas ensemble … insupportable). Et pour couronner le tout, la production, traditionnel point fort des galettes oldfieldiennes, confine au ridicule, proposant un travail peu soigné, l'ouverture de l'album avec le misérable The Song of the Sun étant réalisée de la pire manière qui soit.
Et puis, petit miracle qui ne se produit que lorsque le génie rôde, un titre totalement (ou presque) hors-sujet vis-à-vis du thème de l'album va émoustiller les papilles auditives. Mont St Michel nous démontre une nouvelle fois que Mike Oldfield reste définitivement un artiste à part, capable de coups de génies (certes devenus rares en ce 21è siècle), mais propres à vous coller une émotion incroyable en un peu plus de 12 minutes. Aux instruments traditionnels vient se coller un orchestre symphonique qui va sublimer une morceau propre à éveiller la mélancolie chez n'importe quelle huître récalcitrante !
Bref, vous l'aurez compris, si cet album évite la sortie de route fatale, c'est uniquement grâce à ce titre tout simplement sublime, placé en numéro 10 dans la track-list. Le reste ? Malheureusement à oublier rapidement.