Vous aimez les guitares qui alternent les sons lourds et aériens et qui utilisent outrageusement les effets Wah-wah et fuzz ? Vous aimez la coexistence d’ambiances psychédéliques et agressives ? Vous avez toujours rêvé de voir ce que pourrait donner le mariage musical de Black Sabbath et de Jethro Tull, de Monster Magnet et de Cream ? Vous êtes un adepte des produits sortis par Witchcraft Records ? Aucun doute alors, Wicked Lady est fait pour vous. C
Dès 'War Cloud', le second titre, tout est dit ; le propos sera dur et rugueux. Durant les 7:40 minutes que dure le morceau, les guitares se taillent la part du lion et monopolisent l’espace (il faut attendre quatre minutes avant que le chant ne débute). Leur son est plutôt gras et lourd, mais Martin Weaver varie en permanence les effets et les ambiances. On passe ainsi de sonorité typiquement Heavy à des sons beaucoup plus éthérés et planants.
Les soli sont légions et les titres débordent littéralement de parties de guitares et de digressions instrumentales menées par Martin Weaver en solo. Pas moins de trois morceaux dépassent les 10 minutes et certains titres tels « The Axeman Cometh » sont même dépourvus de vocaux. Pour autant, et aussi bizarre que cela puisse paraître, nous n’avons pas vraiment le sentiment d’être confronté à des instrumentaux tant l’harmonie musicale semble être de mise.
Ne croyez surtout pas que la musique de Wicked lady soit ennuyeuse. Les sonorités si particulières des guitares, les vocaux doux et apaisants de Weaver, la section rythmique qui semble venir de la nuit des temps, tout concoure à faire de ce disque une œuvre originale et très attachante. Au-delà de l’omniprésence des guitares, la voix très calme de Martin Weaver qui semble provenir des profondeurs du vide, participe grandement à l’identité musicale du groupe. Par ailleurs, le chant utilise un effet reverb qui renforce l’aspect atemporel de l’ensemble. S’il faut bien reconnaître que l’on peut très bien être totalement hermétique à ce genre de sonorités, il est tout aussi indéniable que cela dote le groupe d’une personnalité très marquée.
Si le résultat est des plus surprenants à l’aune de la musique actuelle, il est également assez inégal. Des titres comme 'War Cloud', 'Out Of The Dark', 'Living On The Edge' ou 'The Axeman Cometh' sont incontournables alors que de nombreux autres ('Life & Death') ne semblent pas avoir été suffisamment travaillés. Et c’est là un des paradoxes de cette musique qui est faite d’explorations, de liberté et d’ambiance mais qui de ce fait ne supporte pas la médiocrité.
La mention portée au dos de la réédition de ce "The Axeman comet" était "Total running time: 60 Minutes of wah-wah hell", un résumé qui résumait parfaitement la musique de Wicked Lady. Leur second essai, "Psychotic Overkill", gommera les petites imperfections de ce "The Axeman comet" en réussissant l’exploit de pousser encore plus loin les principes mis en place. Un disque qui échappe à nos repères musicaux habituels et qui est le témoin d’une époque étonnante.