En deux ans et deux albums, les deux volets "Keeper Of The Seven Keys", Helloween s’est imposé comme un grand espoir du heavy métal mélodique, et quand le groupe sort son "Live In The UK" en 1989, rien ne semble devoir l’arrêter dans sa montée en puissance. Et pourtant il va subir un terrible coup d’arrêt dont il va mettre plusieurs années à se remettre. Le groupe va d’abord perdre son guitariste principal et co-fondateur, Kai Hansen, suite à des problèmes d’ego entre lui, Michael Kiske, et surtout avec Michael Weikath. Ce départ va avoir de fortes incidences sur "Pink Bubbles Go Ape".
C’est donc un groupe ébranlé et un peu oublié que l’on retrouve en 1991, deux ans étant une éternité pour un jeune groupe qui a essentiellement un jeune public. Roland Grapow remplace Kai Hansen, et le nouvel album est affublé d'un nom étrange et une pochette assez improbable, bien loin du fun et de l’imagerie façonnée depuis les débuts du groupe.
Avec le départ d'Hansen, Helloween a perdu bien plus qu'un simple guitariste. C'est son principal compositeur, l’homme des hymnes heavy speed métal qui est parti, et personne dans le groupe ne semble pouvoir le remplacer à ce niveau. De fait, "Pink Bubbles Go Ape" est un album bancal, partant dans de multiples directions, sans homogénéité, et bien souvent très loin du heavy métal qui a fait le succès du combo teuton jusque-là. Le résultat est assez faible, juste sauvé par quelques éclairs et la voix toujours aussi formidable de Michael Kiske. Musicalement, le groupe s’éloigne du heavy speed sous l’influence de son chanteur, plus proche de la pop et du hard classique, et aussi de Weikath qui aime sortir des sentiers battus du groupe.
En fait, ce sont les titres écrits par le petit nouveau qui vont paradoxalement sonner le plus comme du Helloween pur jus, Roland Grapow s’affirmant également comme un guitariste doué, au son proche d’Yngwie Malmsteen. "Someone’s Crying" et "The Chance" sont deux excellents titre de speed mélodique et les deux meilleurs titres du disque. La première est une petite tuerie très speed avec un Kiske à son meilleur niveau, très haut dans les aigus, le tout avec une mélodie imparable et des soli très inspirés.
La seconde est le grand titre du disque avec un refrain énorme, à la fois rapide et mélodique, comme tout grand titre d’Helloween qui se respecte. Grapow s'y hisse sans soucis au niveau de Michael Weikath pour la technique et le feeling. A coté de ces titres, nous retiendrons encore "Kids Of The Century" qui ouvre le disque. C’est un bon titre de heavy rock, écrit par Kiske, qui s’avère certes un peu surprenant pour le groupe avec une tonalité assez soft et des chœurs sur le refrain. Dans un genre similaire, "Back On The Streets" est un bon titre oscillant entre heavy et rock mais encore éloigné du son classique d'Helloween.
A côté de ces quatre titres, c’est un peu le désert avec du moyen et du carrément mauvais. Weikath compose par exemple un titre très loin de l’esprit du groupe ("Number One") avec un son de basse très en avant et des claviers, pour un résultat très surprenant, pas forcément mauvais, mais tranchant trop avec le reste et se traînant en longueur. Il y a également "Mankind", un morceau assez calme avec violons sur le début qui vaut surtout pour le talent de Kiske et un bon solo de Grapow mais qui est également rallongé à outrance.
Le reste donne dans le mauvais. "Heavy Metal Hamsters" se veut fun mais est très faible, tout comme "Goin’ Home" ou "I’m Doing Fine Crazy Man", seule composition du bassiste, Markus Grosskopf qui aurait pu s’abstenir.
Ce "Pink Bubble Go Ape" est donc un album banal, très loin du niveau présenté auparavant par le groupe. Au mieux, il peut être considéré comme un disque de transition avec quelques bons moments, au pire comme le plus mauvais de la carrière du groupe qui aura bien du mal à se ressaisir par la suite.